Anne Le Loarer est présidente, depuis bientôt deux ans, de la Mcvpap (Mutuelle complémentaire de la Ville de Paris et de l’Assistance publique). C’est une fervente défenseuse de l’hôpital public. Elle réagit aux mouvements de grève qui se sont multipliés ces derniers mois.
Depuis le printemps, les grèves se sont intensifiées dans les hôpitaux français pour alerter sur le manque de moyens. Un mouvement parti des Hôpitaux de Paris. Qu’en est-il aujourd’hui ?
La situation est dramatique. La fréquentation des urgences a doublé en dix ans, alors que les moyens sont en baisse. On a dénombré, l’année dernière, 21 millions de passage aux urgences, l’année dernière.
Dans l’hôpital où j’ai fait ma carrière – Saint Vincent de Paul, à Paris-, on avait déjà pu voir le développement du flux des arrivées aux urgences pédiatriques, dues notamment à la paupérisation de la population.
Ceci en corollaire d’une médecine générale qui n’assure pratiquement plus de garde et les déserts médicaux aggravent cette situation…
A Paris et en Ile-de-France, il y un autre sujet qui est celui des dépassements d’honoraires.
Quelle serait la solution ?
Il faudrait un hôpital public digne de ce nom, capable d’accueillir tous les patients avec des consultations de médecine générale ouvertes sur la ville, de manière souple, pour les personnes qui n’ont pas besoin des services d’urgences, mais qui n’ont aujourd’hui pas d’autre solution.
Malheureusement, la loi Santé 2022 risque encore d’aggraver la situation. On va aujourd’hui vers des mastodontes hyper spécialisés, nécessaires certes, mais on s’éloigne de la proximité demandée par les patients.
Après trois mois de grève dans les services d’urgence, la ministre a annoncé, le 14 juin, débloquer 70 millions d’euros. Cela vous semble-t-il suffisant ?
Cette somme ne correspond à rien. La ministre veut calmer les grévistes par une prime et quelques postes (moins d’un poste par service d’urgence).
Et puis, on continue à créer des mastodontes pour les services d’urgences qui sont devenus totalement inhumains alors qu’elles reçoivent un public disparate : des vraies urgences médicales, des urgences sociales et des personnes qui viennent afin d’être rassurées pour un problème de santé qui relève de la médecine de ville..
Mais s’il vous plaît, arrêtons de parler de bobologie. Quand les gens viennent aux urgences, c’est qu’ils ont besoin d’avoir une réponse ; c’est leur dernier recours.
La ministre de la Santé a annoncé arrêter les fermetures de lits…
Au moment où la ministre faisait cette annonce, Martin Hirsch, directeur des Hôpitaux de Paris, confirmait les fermetures des hôpitaux de Bichat et de Beaujon pour développer le futur hôpital Nord avec des centaines de fermeture de lits au passage…
Pour la ministre, c’est un effet d’annonce qui ne va pas pour autant arrêter les processus en cours et que sa loi va même accélérer.
Comment votre mutuelle peut-elle agir ?
Nous allons nous associer à la journée d’action unitaire du 11 septembre qui devrait concerner les 283 services d’urgence en France et plus largement tous les salariés des établissements sanitaires, du médico-social et de l’action sociale.
Notre mutuelle est issue d’une histoire portée par le mouvement ouvrier, c’est une mutuelle militante.
Nos adhérents ont choisi la MCVPAP car ce n’est pas seulement une complémentaire santé qui correspond à leurs besoins… C’est une mutuelle qui accorde une attention particulière à la spécificité des personnes qu’elle protège notamment par sa connaissance de leur milieu professionnel et de leurs conditions de travail particulières. Mais elle va au-delà, en développant des actions de prévention, en proposant également des activités sociales, culturelles, de loisirs, des centres optiques mutualistes, ouverts à tous nos adhérents.
Ces valeurs de solidarité, nous allons continuer à les faire vivre. D’ailleurs, dans quelques mois, nous allons ajouter à nos deux magasins d’optique un tout nouveau centre d’audioprothèse qui ouvrira ses portes à côté du centre d’accueil de la mutuelle, 52 rue de Sévigné, Paris 3e.