A Louhans, la clinique Le Gouz, prend en charge l’épuisement des soignants

Soignante assise la tête entre les mains
Burn out des soignants, quelle prise en charge ? 123RF©

Le Dr Belhadj est psychiatre à la Clinique Le Gouz à Louhans (Saône-et-Loire). Avec une équipe pluridisciplinaire, il aide les soignants épuisés professionnellement à retrouver leurs marques. Un refuge où les soignants deviennent les soignés. Quelquefois à leur corps défendant.

Écouter

Dr Belhadj 

 « La clinique le Gouz est un des premiers établissements de santé mentale qui s’adresse aux personnels de santé, y compris des Ehpad, quel que soit leur catégorie médicale ou para médicale.

Dr Belhadj, DR.

Longtemps, on a fermé les yeux sur la souffrance des soignants. Mais la crise du Covid a mis en lumière cette réalité. Et c’est inquiétant. Car, ils sont nombreux à souffrir professionnellement. Notre centre accueille médecins, infirmier(e)s, aides-soignant(e)s, et leur offre du repos. Un cadre qui les coupe de leur quotidien, de leur lieu de travail et de leur domicile.

Notre travail consiste d’abord à les écouter. Nous les prenons en charge, loin du rythme harassant de leur vie professionnelle.

Le but étant un retour plus serein à leur vie professionnelle ou envisager une reconversion. L’ambiance ici est familiale, très différente d’un service psychiatrique.

Vue depuis une chambre de la clinique, DR.

Déculpabiliser

Dr Belhadj 

« Nous travaillons au sein de la clinique, avec une équipe pluridisciplinaire. La reconstruction peut être compliquée pour ces personnels au bout du rouleau. Car souvent ces soignants se sentent culpabilisés de ne pas avoir été à la hauteur. De ne pas être allés au bout de leur mission de soignant et refusent de se sentir malade. Car leur rôle est avant tout de soigner les autres. Ils pensent qu’ils prennent la place de quelqu’un d’autre, en venant ici. Ils se sentent coupable d’abandonner leurs collègues alors que l’épidémie continue ».

58 % des praticiens français présentent des symptômes de burn-out et 32 % d’entre eux seraient en dépression caractérisée.

Etude AMADEUS (Améliorer l’ADaptation à l’Emploi pour limiter la souffrance des Soignants), 2021.

Épuisement

Dr Belhadj 

« La plupart sont épuisés psychiquement, physiquement, émotionnellement. Des maux apparus pendant la pandémie pour un tiers des patients. La période de Covid-19 a surchargé des plannings déjà très serrés. Les malades présentent des symptômes du burn out (épuisement professionnel) avec troubles du sommeil, de l’alimentation, une addiction à l’alcool mais aussi à la consommation d’opiacés, de benzodiazépines. En effet, dans certaines disciplines médicales, une facilité d’accès existe pour les soignants, qui peuvent se prescrire des psychotropes facilement. On observe aussi des troubles dépressifs, de l’anxiété… Certains ont fait des tentatives de suicide. Le risque suicidaire chez ces professionnels est deux fois supérieur à la population générale.

Personnel de la clinique, DR.

Prise en charge

Dr Belhadj 

« La prise en charge est multiforme : médicamenteuse, très souvent au début mais aussi psychologique (des séances de psychothérapie), nous proposons également des soins comme la luminothérapie, les massages, de la balnéothérapie, des activités sportives… Nous avons même un atelier boxe qui remporte beaucoup de succès. La durée de séjour chez nous va de 4 à 6 mois.

Nous assurons un suivi après leur séjour. Pour ceux qui le souhaitent, ils peuvent revenir en hôpital de jour. Nous organisons des entretiens familiaux pour rassurer les proches. Nous voulons éviter les rechutes. Certains souhaitent reprendre leur travail à temps partiel, d’autres préfèrent changer d’orientation. Nous les accompagnons pour une reconversion éventuelle ».