Une « Giselle » en fauteuil roulant à l'Opéra de Paris

Vives réactions dans le temple de la danse classique pour le ballet de Jérôme Bel, Tombe, mettant en mouvement une jeune fille amputée d’une jambe et un danseur de l’Opéra de Paris.

Bouleversant, inconcevable, décalé, émouvant, les réactions ont été vives, entre sifflets et larmes, dans la somptueuse salle de l’Opéra Garnier. La chorégraphie de Jérôme Bel, Tombe, a bousculé les idées reçues. Ce ballet mettait en scène trois duos dont un avec une jeune fille handicapée en fauteuil, Sandra Escudé, reprenant le rôle de Giselle et un jeune sujet de la compagnie, Sébastien Bertaud. 

Une Giselle en fauteuil

Elle est blonde, évanescente avec ses cheveux rassemblés en bandeaux, la taille serrée dans un tutu long romantique. Sandra Escudé est une Giselle pas comme les autres. Amputée à l’adolescence à hauteur du genou suite à un accident, cette jeune danseuse est en fauteuil roulant. Mais ce que l’on remarque le plus est sa grâce, sa dextérité et l’émotion qu’elle dégage lorsqu’elle danse avec Sébastien Bertaud, qui joue le rôle du prince.

En programment ce ballet, Benjamin Millepied, ex-directeur de la danse, voulait insuffler un nouvel état d’esprit, montrer les différences sur la scène de la vénérable institution de la danse classique. Opération réussie, même si ce ballet composé de trois duos n’a pas pour vocation de rentrer au répertoire de la compagnie.

« Le ballet de l’Opéra de Paris n’est pas un musée, expliquait Sébastien Bertaud dans une interview au Magazine de la santé, c’est une compagnie ouverte au monde qui nous entoure. »

Tombe est composé de deux autres duos, l’un avec Grégory Gaillard, coryphée, et Henda Traoré, une jeune femme malienne, caissière dans un magasin d’alimentation. L’autre avec Benjamin Pech, danseur étoile, qui a choisi une octogénaire, Sylviane Milley, qui, pour des raisons de santé, n’a pu être présente et dont on a vu les images de la répétition, projetées sur scène.