Substances toxiques : les gynécologues tirent la sonnette d'alarme

Viva Magazine
© Viva Magazine

Perturbateurs endocriniens, pesticides, substances toxiques… la Fédération internationale des gynécoloques et obstétriciens lance un appel.

La Fédération internationale des gynécoloques et obstétriciens lance un appel pour prévenir l’impact des produits chimiques toxiques sur la santé reproductive.

Lors d’une conférence à Paris, le 9 juin 2016, en présence de la ministre de l’Environnement Ségolène Royal, de prestigieux gynécologues internationaux sont venus témoigner de leurs expériences et de leurs craintes.

L’exposition à des produits chimiques toxiques au cours de la grossesse et l’allaitement représente une menace pour la reproduction humaine. Des dizaines de milliers de substances chimiques sont présentes sur le marché et même de faibles expositions pendant la grossesse peuvent avoir des conséquences néfastes pour la santé.

Le modèle industriel de production alimentaire contribue, par exemple, de manière importante à la présence de produits chimiques toxiques – allant des pesticides aux plastiques – dans l’environnement, la pollution au mercure, issue de la combustion du charbon, s’exporte sur l’ensemble de la planète. Près de trois milliards de personnes sont exposées à la pollution de l’air intérieur.

«Au cours des quarante dernières années, témoigne Jeanne Conry, médecin, ancienne présidente du Congrès américain des gynécologues obstétriciens, la production mondiale de produits chimiques a augmenté rapidement avec une croissance annuelle estimée à 3,4 %. Entre 70 000 et 100 000 substances chimiques sont présentes sur le marché dont 4 800 environ sont produites en gros volumes. Quant à la consommation de pesticides en agriculture, elle atteint 2,4 milliards de kilos. »

Les conséquences sur la santé sont dramatiques. Les maladies non transmissibles comme le cancer, les maladies cardio-vasculaires, les maladies respiratoires chroniques et le diabète explosent. 

Les perturbations des hormones qui régulent la reproduction et le développement est l’un des effets principaux sur la santé d’une exposition à des substances chimiques de l’environnement ou à des perturbateurs endocriniens. Le risque de développer ultérieurement des pathologies et même plusieurs années après l’exposition initiale : adénocarcinome du vagin et du col de l’utérus, anomalies des voies reproductives, infertilité, cancer du sein et hypospadias (malformation du foetus masculin, qui se manifeste par l’ouverture de l’urètre dans la face inférieure du pénis au lieu de son extrémité)

Le rapport sur l’état de la science sur les perturbateurs endocriniens publiée en 2012 par l’Oms (Organisation mondiale de la santé) estime que près de 800 substances chimiques environnementales sont connues ou suspectées d’interférer avec les récepteurs hormonaux, la synthèse ou la conversion des hormones.

Le poids sanitaire et économique global lié à ces substances chimiques toxiques se chiffre en millions de décès et milliards de dollars chaque année. A elles seules, deux types d’expositions environnementales -pollution de l’air intérieur et extérieur et exposition au plomb- causent 3,9 millions de décès annuels dans le monde. Dans les pays nordiques, les coûts des troubles de la santé reproductive masculine liés à l’exposition aux perturbateurs endocriniens (pesticides, produits de soin corporels et autres produits de consommation- s’éleveraient à 36 millions d’euros par an.

La Figo lance donc un appel aux obstériciens, sages-femmes, infirmières et autres professionnels de santé à agir rapidement pour prévenir l’exposition aux toxiques chimiques environnementaux afin qu’ils :

–  plaident pour des politiques de prévention des expositions aux toiques environementaux ;

– agissent pour assurer une alimentation saine pour tous ;

– intègrent la santé environnementale dans les soins.