Plan dépendance : aller plus loin dans le statut des aidants

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Le rapport Libault sur la dépendance a été remis à Agnès Buzyn, ministre de la Santé. Rénovation des Ehpad, prise en charge des seniors modestes, vrai statut pour les aidants… de grands chantiers à prendre à bras-le-corps de toute urgence.

La prise en charge de la dépendance est un défi majeur à relever et un sujet sociétal brûlant. Les plus de 85 ans seront près de 4,8 millions d’ici à 2050 et le nombre de personnes âgées dépendantes passera de 1,3 à 2,2 millions. Entre Ehpad surchargés et inaccessibles financièrement pour de nombreux seniors, services à la personne sinistrés et aidants épuisés, qui répondra présent pour prendre en charge les personnes âgées dépendantes ?

Dans ce contexte, le gouvernement a promis une loi dépendance pour l’automne 2019. En prélude, une vaste concertation a été menée par Dominique Libault, ancien directeur de la Sécurité sociale, et son rapport final a été remis à la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Résultat ? Plus de 175 propositions pour prendre à bras-le-corps le sujet épineux de la dépendance avec dix priorités : un plan national pour les métiers du grand âge, un soutien financier de 550 millions d’euros pour les services d’aide et d’accompagnement à domicile, une hausse de 25 % du taux d’encadrement en Ehpad d’ici à 2024… (voir les propositions dans notre article).

Et les aidants dans tout ça ?

Le sujet des aidants a été abordé ans le rapport. Et pour cause. Aujourd’hui, en France, on compte près de 4,3 millions de proches aidants auprès des personnes âgées. La plupart d’entre eux sont des femmes, 76 % ont moins de 65 ans et 43 % moins de 50 ans. Plus de la moitié d’entre eux travaillent encore et leur santé est mise à mal. Les trois quart d’entre eux déclarent être épuisés par leur rôle d’aidant.

Le rapport Libault propose des pistes, notamment une indemnisation du congé de proche aidant à hauteur de 52 euros par jour et la négociation obligatoire dans les branches professionnelles pour mieux concilier sa vie professionnelle avec le rôle de proche aidant.

Certes, on avance, car il y a déjà eu en 2017, la mise en place du congé – non rémunéré – pour les aidants (pris par seulement 2 % des aidants) mais c’est loin d’être suffisant pour Claudie Kulak, fondatrice de la Compagnie des aidants et présidente du Collectif associatif « Je t’aide ».

« Nous réclamons un vrai congé rémunéré à l’image du congé maternité ou paternité. Une indemnisation, ce nest pas suffisant ! Car avec un statut digne de ce nom, nous aurions des droits. » Aujourd’hui, qui peut se permettre de s’arrêter de travailler pour s’occuper d’un proche dépendant ? Un réel statut permettrait de protéger les personnes qui souvent, jonglent entre travail, famille, gestion des aides diverses, démarches, déplacements quand la personne dépendante n’est pas sur place…

« A l’heure actuelle, on se repose complètement sur les épaules des aidants, des familles… », déplore Claudie Kulak. « Que deviendront, dans l’avenir, ces aidants qui ont dû faire des sacrifices, arrêter de travailler pour s’occuper d’un parent dépendant ? Nous réclamons un statut d’aidant, avec le droit à un congé rémunéré qui ouvrira des  droits à la retraite », conclut-elle, déterminée.

Plus d’informations sur les aidants ici.