Médicaments sans ordonnance : 79 % seraient inefficaces, voire dangereux

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Actifed rhume jour & nuit, Nurofen, Strepsil… Ces médicaments sans ordonnance bien connus font partie des médicaments à proscrire selon l’association 60 Millions de consommateurs. 

Alors que de plus en plus de Français pratiquent l’automédication pour soigner rhumes, maux de tête ou maux de gorge, le magazine 60 millions de consommateurs émanant de l’Institut national de la consommation (Inc), révèle que 79 % des médicaments sans ordonnance disponibles en pharmacie sont inefficaces, voire dangereux pour la santé. Pourtant censés être, en principe, moins problématiques que les autres médicaments et par conséquent vendus sans l’avis d’un médecin, ils peuvent présenter des risques, selon une étude publiée ce mardi 14 novembre.

Seuls 21 % des médicaments testés sont « à privilégier »

Humex, Actifed Rhume, DoliRhume et Nurofen Rhume, parmi les 62 médicaments sans ordonnance les plus vendus pour soigner les petites pathologies hivernales, près de la moitié, 28, sont à proscrire et un tiers sont jugés « passables » : inefficaces mais avec peu d’effets indésirables. Seuls 13, soit 21 % des médicaments testés sous le contrôle du Pr Jean-Paul Giroud, pharmacologue clinicien, membre de l’Académie de médecine et de la pharmacienne Hélène Berthelot, sont « à privilégier ». Parmi lesquels Vicks Vaporub, Imodiumcaps, Gaviscon menthe, Forlax 10 et Maalox sans sucre.

« En bonne place de la liste noire figurent des “ stars antirhume ”. Leur point commun : un cocktail de 2 à 3 composés actifs: un vasoconstricteur (nez bouché), un antihistaminique (nez qui coule) et du paracétamol ou de l’ibuprofène (mal de tête). Ces tout-en-un ne sont pas justifiés, et ils cumulent des risques de surdosage et d’effets indésirables gravissimes (accidents cardiovasculaires ou neurologiques, vertiges…) », souligne l’association dans sa revue.

En cause notamment, une molécule présente dans ces médicaments, la pseudoéphédrine. « Cette substance est un vasoconstricteur: elle contracte les vaisseaux sanguins et augmente le diamètre des cavités nasales, afin de décongestionner les nez bouchés. Mais étant assimilée par voie orale, elle contracte les vaisseaux sanguins de tout l’organisme, explique 60 Millions. Est-ce bien raisonnable pour un simple rhume ? Clairement, non. »

« Lire attentivement la notice »

L’association de consommateurs pointe également les risques de somnolence entraînés par certains sirops contre la toux, problématiques pour la conduite, ou de malformations des foetus liées à une prise de certains médicaments lors de la grossesse. « Chez les femmes enceintes, la prise d’une seule pastille contre le mal de gorge contenant un anti-inflammatoire non stéroïdien (ibuprofène, flurbiprofène…) ou d’un seul cachet d’aspirine peut avoir des conséquences dramatiques (atteintes rénales et cardio-pulmonaires du fœtus qui peuvent être irréversibles, voire mortelles, pour le futur nouveau-né) », alertent les auteurs de l’étude.

Lire attentivement la notice, surtout la catégorie « les informations à connaître avant la prise », reste pour 60 Millions de consommateurs le geste important à adopter. Il s’agit aussi de regarder les pictogrammes, obligatoirement présents sur les boîtes de médicaments depuis 2008 en ce qui concerne la dangerosité en cas de conduite et octobre 2017 en cas de grossesse.

Pour aller plus loin : un portail a été mis en place par le ministère de la santé en mars 2017 pour signaler les effets indésirables des médicaments.