Acteurs de l’ESS | Germaine Marié, 24 ans : « Il s’agit d’une économie solide au service de l’humain »

Germaine Marié actrice de l’économie sociale et solidaire depuis 2 ans. Au sein de l’association Habit’âge, qui conçoit des maisons destinées aux personnes âgées, situées en milieu rural et construites à partir d’édifices patrimoniaux restaurés. © DR
Germaine Marié actrice de l’économie sociale et solidaire depuis 2 ans. © DR

Comment naissent les initiatives solidaires ? Les associations issues de l’ESS sont-elles viables économiquement ? A l’occasion du Mois de l’ESS, organisé en novembre, les acteurs du réseau témoignent de leur engagement et de leur vocation. Rencontre avec Germaine Marié de l’association Habit’âge, qui conçoit des maisons destinées aux personnes âgées. Ces habitations situées en milieu rural sont construites à partir d’édifices patrimoniaux restaurés.

Comment est née Habit’âge, l’association au sein de laquelle vous travaillez ?

Il y a quelques années à Fontaine-Guérin, petite commune du Maine-et-Loire, un couple était à la recherche d’un habitat adapté pour loger l’un de ses grands-parents. Mais aucune solution ne s’offrait à eux, excepté un accueil en Ehpad. En plus de contester ce choix, tous deux trouvaient qu’il était bien dommage de voir autant de demeures abandonnées dans les environs sans qu’aucune ne puisse être attribuée à leur aïeul. L’idée de construire des habitats adaptés aux personnes âgées en réhabilitant le patrimoine local a alors fait son chemin. En 2017, la première maison Habit’âge était inaugurée à Fontaine-Guérin, dans un ancien bâtiment en ruines et pourtant important pour le patrimoine local puisqu’on y jouait autrefois aux boules de fort, un jeu traditionnel de la région.

De quelle manière l’association s’est-elle transformée en structure économiquement viable ?

Lorsque la première maison Habit’âge a vu le jour, les fondateurs ont reçu un nombre incalculable d’appels leur demandant de livrer leur expérience et d’apporter des conseils pour des initiatives similaires. Aujourd’hui encore nous recevons au moins un appel par jour dans ce sens. Compte-tenu de cette forte demande, l’idée de professionnaliser la structure s’est rapidement imposée. Aujourd’hui, l’association compte trois salariés, 11 administrateurs, et deux habitations sont en cours de construction. Son fonctionnement repose essentiellement sur des subventions et les partenariats que nous pouvons monter avec des entreprises désireuses de soutenir un projet solidaire. 

Illustration du projet d’une maison en construction à Boissière-sur-Èvre et première maison Habit’âge à Fontaine-Guérin.
Illustration du projet d’une habitation en construction à Boissière-sur-Èvre et première maison Habit’âge à Fontaine-Guérin.

Pourquoi avoir choisi de rester dans une économie sociale et solidaire ?

Il est important pour nous de conserver notre modèle associatif qui traduit au mieux les valeurs que défendons : offrir un cadre de vie décent et adapté aux personnes âgées ainsi que la préservation du patrimoine. Nos maisons sont destinées au plus grand nombre, quelles que soient les ressources des habitants. Ainsi, tout l’argent généré par l’association est réinvesti, sans profit. 

Pensez-vous qu’il soit plus difficile de monter une structure au sein de l’ESS que dans l’économie traditionnelle libérale ?

Au contraire, l’économie sociale et solidaire bénéficie aujourd’hui de plus en plus de leviers : des financements, un accompagnement personnalisé, des incubateurs… Les réseaux de l’ESS sont également extrêmement actifs à l’échelle nationale mais aussi régionale, à l’image de l’Iresa en Anjou. Comme il n’y a pas de concurrence entre les acteurs, la communication et les échanges sont beaucoup plus faciles. Tout est plus fluide car nous sommes complémentaires. 

« Aux vues des convictions environnementales et sociales de la jeunesse d’aujourd’hui, je suis convaincue que l’ESS sera de plus en plus plébiscitée. »

L’ESS a-t-elle de l’avenir ?

J’ai toute confiance dans l’avenir de ce modèle, d’ailleurs je me suis orientée vers l’ESS dès l’université en suivant un Master en économie sociale et solidaire, avant d’intégrer l’association Habit’âge en 2019. Cela fait donc deux ans que je me lève le matin avec l’envie d’aller travailler ! Aux vues des convictions environnementales et sociales de la jeunesse d’aujourd’hui, je suis convaincue que l’ESS sera de plus en plus plébiscitée. Il est important de rappeler qu’il s’agit d’une économie solide, au service de l’humain. L’argent n’y est pas tabou, il s’agit juste d’un outil qui permet de concrétiser des projets, dans le respect de l’individu et de l’environnement.

Le Mois de l’ESS

Tout au long du mois de novembre de nombreuses manifestations ont lieu partout en France pour faire découvrir l’économie sociale et solidaire. Portes ouvertes, conférences, forums, ateliers, tous les événements organisés au cours du Mois de l’ESS sont coordonnés par la Chambre Française de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS France). 

https://lemois-ess.org