Selon une liste établie par l’association Samu-Urgences de France (SUdF) que l’AFP s’est procurée, 120 services hospitaliers d’urgences sont contraints de limiter leur activité ou s’y préparent. Avec 60 départements concernés dans toutes les régions, aucun territoire n’est épargné.
Manque de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants : les services d’urgences des hôpitaux font face à de graves difficultés alors que la période estivale n’a pas encore débuté. Le plus inquiétant : 14 des 32 plus gros hôpitaux français figurent sur cette liste du SUdF. Le centre hospitalier universitaire de Bordeaux vient par exemple de mettre en place un « accès régulé » chaque nuit, entre 20 heures et 8 heures. Impossible d’en franchir les portes, sauf pour « urgence avérée ».
Point de rupture
Interrogé sur France info, le professeur Rémi Salomon, président de la conférence médicale des Hôpitaux de Paris (AP-HP), assure que la situation est pire qu’il y a deux ans à l’arrivée du Covid-19. A l’époque, « tous les Français ont constaté combien l’hôpital était important, a-t-il rappelé. Ce que je crains beaucoup en ce moment et ce que j’observe, c’est une sorte de désengagement. Là, il y a de l’épuisement et un manque de reconnaissance. » Selon lui, « on a un risque imminent de ruptures d’accès aux soins. Quand je dis un risque imminent, c’est déjà en train de se produire et ça risque de s’aggraver de manière assez considérable pendant l’été, c’est-à-dire au moment des congés. »
« Ça va être atroce »
Dans un entretien à Ouest-France, Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), est très clair : « Ça va être atroce, du jamais-vu. Aujourd’hui, dit-il, nos hôpitaux fonctionnent grâce à l’importation de médecins étrangers, venus d’Algérie, de Tunisie ou encore de Roumanie. Sans eux, les hôpitaux ferment. » Et l’urgentiste d’ajouter : « Le désengagement de l’Etat dans le service public et le manque d’organisation, ce sont les plus faibles, les personnes âgées et les handicapés qui vont le payer. »