Les attentats laissent aussi des blessures psychologiques

Quelles sont les séquelles psychologiques laissées par les attentats pour les victimes, leurs proches, les enfants ?

Après les attentats du 13 novembre, la mairie de Paris a mis à la disposition des victimes, des témoins directs ou indirects, des cellules psychologiques. Des médecins, infirmiers et psychologues assurent une présence afin de soutenir et de rassurer les personnes. Un Sas indispensable pour parler librement et faire en sorte qu’elles ne restent pas enfermés dans leur douleur.

Quels sont les troubles ?

Après un tel choc, les personnes ont une impression d’irréalité, comme dans un mauvais rêve. Ils peuvent avoir du mal à s’exprimer ou le faire avec une grande confusion, ne ressentent aucune émotion… expliquent les psychaitres de la consultation. Ce qui est tout à fait normal, car le psychisme se protège pour faire face. C’est ce que les psychologues nomment, l’état de dissociation.
En revanche, il est important de ne pas rester dans cet état et de vite reprendre pied avec la réalité. Car le risque est de maintenir une conscience dissociée empêchant l’intégration de ce qui s’est passé. Des séquelles post-traumatiques peuvent alors se développer.

Ce traumatisme peut avoir des répercussion sur le sommeil, l’appétit, la vie quotidienne. Il peut aussi entrainer un état d’inquiétude, d’anxiété voire d’angoisse. Ces symptômes peuvent survenir plusieurs jours après le drame.

Les rescapés éprouvent aussi un fort sentiment de culpabilité : « pourquoi, ai-je survécu ? ».

Quant aux proches, ils se sentent responsables de ne pas avoir été présents à ce moment précis, de ne pas avoir pu porter secours…

Comment vivre avec ?

Il est important d’orienter très vite ces personnes vers des psychologues formés à ce genre de traumtisme. Ils pourront les écouter, les faire parler, les rassurer, les informer de ce qu’elles vont ressentir et leur expliquer les différentes phases par lesquelles elles passeront. C’est une aide pour mieux comprendre et surtout accepter ces manifestations psychologiques « normales » survenant après un choc violent. La parole est très importante : décrire ce que l’on ressent, mettre des mots sur sa douleur. Pour ceux qui éprouvent des difficultés à le faire, à vivre avec ou si les troubles s’amplifient, on parlera de stress post-traumatique. Dans ce cas, il est recommandé de consulter un psychiatre sans tarder.

Les effets d’un tel traumatisme peuvent durer sur plusieurs mois, s’estomper et réapparaître soudainement à l’occasion d’un événement même anodin : une image à la télévision, un bruit strident… Dans ce cas, ne pas hésiter à se faire suivre ou à retourner voir un psychologue pour pouvoir se reconstruire.

Comment en parler aux enfants ? 

Les parents ont un rôle central car les enfants même très jeunes perçoivent l’émotion ambiante des parents, des adultes. « Il revient donc aux parents de les aider à parler de ce qu’ils ont vu, entendu, de ce qu’ils ont compris et de ce qu’ils craignent, explique l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa). »

L’association conseille ainsi de prendre l’initiative d’aborder les événements. « Ne pensez pas que, si l’enfant n’en parle pas, c’est qu’il n’a rien vu ni ressenti. Le silence qui peut s’installer, quand l’adulte lui-même est sous le choc ou pris par ses propres émotions, va avoir potentiellement un retentissement différent chez l’enfant. Le petit enfant peut alors s’imaginer être responsable de l’émotion de son parent ; le plus grand peut ne pas comprendre pourquoi son parent est à se point déstabilisé. Il vous faut alors si vous montrez vos émotions les expliquer ‘je suis triste (ou en colère) parce qu’il s’est passé quelque chose de grave à Paris’« , expliquent les pédiatres.

Le flot d’images à la télévision a un impact sur l’enfant même s’il n’en comprend pas directement la signification. Les parents doivent pouvoir couper les écrans qui déversent l’information ou en éloigner les enfants. Pour les plus grands, quelques minutes suffisent, puis les parents doivent passer du temps pour en expliquer la signification. Ces explications doivent être reprises plus tard avec les enfants pour décrypter, discuter et analyser ce qu’ils ont retenu et compris. Tout cela avec des mots simples adaptés à leur âge, leur personnalité, leur sensibilité en vous assurant qu’il a bien compris.

« N’affirmez pas de certitude en réponse aux questions si vous n’avez pas les éléments. A des questions posées par l’enfant, avant de répondre, demandez-lui ce qu’il en pense lui. Il n’y a pas de question gratuite : l’enfant a sa théorie que vous ne pouvez imaginer et c’est de cette idée qu’il a qu’il faut partir pour expliquer. Vous pouvez, en réponse à certaines questions dire que vous ne savez pas », conseillent les psychiatres.

Conseils des pédiatres ici.