« Le “ village Alzheimer ” est un modèle alternatif à l’Ehpad unique en France »

©lahcène ABIB
La professeure Hélène Amieva, épidémiologiste à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), est aussi directrice de la recherche au « village Alzheimer » situé à Dax dans les Landes. Ce village, ouvert en août 2020, est le premier du genre. Qu’est-ce que ce « village Alzheimer »? Hélène Amieva : C’est un projet expérimental, inspiré d’un modèle néerlandais, qui a vu le jour il y a une douzaine d’années. Cette structure, initiée et portée par le conseil départemental des Landes avec le soutien de l’agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine, a ouvert ses portes en août 2020 en pleine crise de Covid-19. L’endroit ressemble à un village landais. Il accueille 120 résidents, que nous appelons « villageois », sou rant de troubles cognitifs. Ce lieu a été conçu pour permettre une prise en charge adaptée et respectueuse de ces personnes. Le but est de leur o rir une vie aussi ordinaire que possible. Et ceci malgré la perte d’autonomie qui progresse. Le village est constitué de quatre quartiers composés d’habitations, d’une supérette, d’une médiathèque, d’une brasserie, et bien sûr, d’une place centrale ainsi que d’un parc ouvert au public. Le matin, les villageois vont acheter de quoi préparer leur repas, mangent ensemble, prennent le café sur la terrasse, tissent des liens. Le site se trouve non loin du centre-ville de Dax et est accessible en transports en commun pour faciliter la visite des proches. Des médecins, des in rmiers, des aides-soignants, des psychologues, des animateurs et des gérontologues accompagnent les villageois dans leurs journées. De nombreux bénévoles interviennent également. C’est un modèle totalement différent de celui d’un Ehpad classique… H. A. : Disons que c’est un projet alternatif à l’Ehpad unique en France. Un endroit ouvert, dont le cadre n’a rien de commun avec le contexte aseptisé et médicalisé d’un Ehpad classique. Ici, pas de rythme imposé. C’est un lieu de vie qui cherche à reproduire un village ordinaire. Les gens se promènent, vont dans le parc, participent à la vie du village s’ils le souhaitent. Tout est fait pour qu’ils mènent une vie aussi normale que possible en dépit de la maladie. Le premier objectif est de combiner prise en charge médicale et approche sociale. Les conditions d’admission et les tarifs sont les mêmes que dans un Ehpad public classique (60 euros par jour, NDLR). Et l’originalité du projet réside surtout dans le fait que le village accueille, en son sein, une équipe de chercheurs. « Ce lieu a été conçu pour permettre une prise en charge adaptée et respectueuse des personnes. » Professeure Hélène Amieva. La recherche est donc au cœur du village ? H. A. : Oui, c’est en quelque sorte un labo à ciel ouvert, avec un centre de ressources intégré pour mener des études pendant cinq ans. Avec mon équipe, nous étudions quels effets la vie dans le village a sur le bien-être, les symptômes et l’évolution des malades. Le but est de savoir si ce modèle est viable, reproductible,

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