Dans le cadre de notre série de podcasts sur les origines de l’engagement, nous sommes partis à la rencontre de militants mutualistes. Voici le portrait sonore de Pierre. Pour décrire son engagement, le jeune homme de 32 ans nous a donné rendez-vous au cœur d’une cité ouvrière à Bourg-en-Bresse, dans l’Ain.
Au milieu des immeubles alignés et des jardins partagés se trouve un terrain de boules lyonnaises où viennent jouer les anciens cheminots et ouvriers retraités, tous encore militants mutualistes. Pierre vient régulièrement échanger avec eux.
Continuer à faire vivre le passé ouvrier de la mutualité
« Dans de nombreux territoires, comme ici dans l’Ain, l’histoire ouvrière est intimement liée à celle de la mutualité. Beaucoup de mutuelles ont été créées par des ouvriers, pour des ouvriers, parce qu’ils ne pouvaient pas survivre sans ce complément à la Sécurité sociale.
Je suis particulièrement attaché à ce passé du fait de mon histoire familiale. Mes deux grands-mères étaient en effet ouvrières, et elles me gardaient très souvent lorsque j’étais petit. C’est donc une fierté pour moi de continuer à faire vivre cette histoire ouvrière, empreinte de force et de dignité. Grâce aux actions mutualistes que nous menons par le biais des rencontres et des événements organisés avec les militants.
Par exemple, nous avons mené une opération avec le Secours populaire et le club de rugby de Bourg-en- Bresse en invitant chaque spectateur à apporter un jouet pour un enfant avant d’assister au match. »
En manif’ à 13 ans
« J’ai ressenti très tôt le besoin de m’engager. La première fois où je suis allé manifester de ma propre initiative, c’était à l’âge de 13 ans après l’arrivée de l’extrême droite au second tour de la présidentielle de 2002. En entrant à l’université, je me suis inscrit dans un syndicat étudiant par le biais duquel j’ai découvert le travail des mutuelles en faveur de la santé des jeunes.
Mon engagement a alors beaucoup évolué. En tant que syndicaliste, je voulais en découdre avec les pouvoirs publics, que ce soit le bazar pour faire plier le gouvernement dans ses projets de réformes. Depuis mon entrée en mutualité, je me suis rendu compte que le rapport de force pouvait aussi passer par des actions plus institutionnelles, en travaillant les dossiers, en réalisant des enquêtes… Tout en continuant à agir concrètement. »
« Bugne à bugne »
« Aujourd’hui, je suis militant mutualiste et je m’occupe aussi des actions solidaires au sein d’une mutuelle. Je porte des projets très concrets et ancrés localement, comme la mise en place de paniers alimentaires provenant de la région et proposés à tarifs mutualistes. Pendant le premier confinement, j’ai également parcouru des kilomètres en camion pour distribuer des produits d’hygiène.
Pour moi, l’engagement ce n’est pas juste un idéal. Mais c’est d’arriver, pierre par pierre, “ bugne à bugne ”, à faire bouger les choses pour que notre société progresse. »