
Créée en octobre 1984, un an après la « Marche des beurs », l’association au fameux logo « Touche pas à mon pote » est la première à avoir fait condamner une boîte de nuit pour discrimination.
Marseille, 15 octobre 1983. Un petit groupe de militants et de jeunes issus de l’immigration, dont certains viennent de la cité des Minguettes à Vénissieux où de violents affrontements ont lieu avec la police, s’élance, à pied, pour rejoindre la capitale.
A travers cette « Marche pour l’égalité et contre le racisme », surnommée « Marche des beurs » par les médias, ils entendent dénoncer les crimes racistes, les violences policières et réclamer les mêmes droits pour tous. Le périple s’achève à Paris, le 3 décembre, par un défilé sans précédent de 100 000 personnes.
L’impact de cette marche est tel que François Mitterrand, alors président de la République, se saisit du phénomène. Un an plus tard, SOS Racisme, créée dans l’orbite de l’Etat, est fondée par Julien Dray, ancien trotskiste proche de Mitterrand, et Harlem Désir, militant socialiste, qui devient le premier président de l’association.
« Touche pas à mon pote »
Le slogan « Touche pas à mon pote », incarné par la fameuse main jaune, voit le jour et le mouvement rencontre un succès fulgurant, en particulier auprès de la jeunesse hostile au Front national. Le 15 juin 1985, place de la Concorde à Paris, SOS Racisme organise son premier grand concert.
Animé par Coluche, l’événement réunit un peu plus de 300 000 personnes, parmi lesquelles plusieurs personnalités du sport, de la culture ou de la politique. Si, grâce à ses nombreux soutiens, SOS Racisme s’impose comme le principal mouvement antiraciste du pays, elle est accusée par les militants de récupérer le mouvement de la « Marche des beurs » et d’atténuer ses revendications. On lui reproche de faire de la lutte contre le racisme un combat plus moral que social et politique, ainsi que d’être trop proche du pouvoir.

Le testing, une arme juridique
Aujourd’hui, après de profondes crises internes, SOS Racisme peut se targuer d’avoir réalisé, au fil des années, un conséquent travail juridique pour défendre l’égalité des droits. A la fin des années 1990, elle développe les opérations de testing et devient la première association à faire condamner une discothèque pour avoir refusé l’entrée à de jeunes maghrébins.
Depuis, « 300 organismes, patrons ou gérants ont été condamnés pour une discrimination liée à l’origine ou au patronyme dans l’accès à un emploi, un logement, un loisir et un service », indique SOS Racisme sur son site.