
Le confinement est une situation inédite à laquelle plus de six milliards de personnes dans le monde sont confrontées avec l’épidémie de covid-19. « Rester le plus possible relié à ses proches, garder un rythme au quotidien », tels sont les conseils de Dana Castro, psychologue, psychothérapeute à Paris.
Quels sont les effets du confinement sur notre psychisme, nos comportements sociaux ?
Dana Castro : On va devoir inventer, inventer en famille, en couple, ou même seul. Que pouvons-nous faire ensemble ? En n’oubliant pas une règle d’or : structurer l’emploi du temps au quotidien, par exemple avec les enfants, écrire le programme de la journée en mentionnant les temps de loisirs et de travail scolaire, de façon à bien cloisonner le temps de chaque membre de la famille. Garder un rythme, manger à heure fixe, faire participer les jeunes et les enfants pour qu’ils ne subissent pas la situation mais qu’ils en soient aussi les acteurs, tout en leur expliquant la réalité même si elle est hors du commun.
Et, pour les plus fragiles ?
La tentation est grande de traîner, grignoter, rester dans son lit… et peu à peu lâcher prise, s’enfoncer dans la dépression. Il faut garder la tête hors de l’eau. Mais en situation du confinement, les plus fragiles, les malades, les personnes seules, âgées sont plus exposés que les autres. Et pour elles, c’est encore plus difficile. L’entourage doit rester très vigilant. C’est parce que nous sommes confinés que nous devons encore plus développer des liens vers l’extérieur. Rester en relation avec les proches, ses amis, ses collègues, raconter sa journée… sans forcément attendre de retour. Pour les personnes seules, des numéros sont à leur disposition pour pouvoir communiquer.
Que faire malgré une ambiance très anxiogène ?
Pour les adultes comme pour les enfants et les adolescents, il faut savoir décrocher des réseaux sociaux et des informations en boucle sur le coronavirus, le nombre de morts, et de contaminés. La moindre information peut devenir anxiogène et le risque est de somatiser, ou de craindre de tomber malade. Le confinement a déjà sa propre pathologie, la somatisation, le ralentissement cognitif, la perte de tonus musculaire, la dépression, les conduites addictives… Le maître mot est donc de rester reliés mais dans un lien positif. Et bouger, l’exercice corporel est très important. Un peu chaque jour.
Puis, il faudra aussi préparer « l’après confinement » et réfléchir à ce que l’on a surmonté. Sans penser que l’on a triomphé et que l’on est maintenant invincibles. La sortie de prépare.
A noter : grande enquête lancée par les psychologues de l’université de Nanterre, sur la manière dont les gens se représentent dans leur tête les changements induits par la situation actuelle, sur le plan professionnel, personnel, relationnel, etc. Pour participer (15 à 20 minutes environ) : https://parisouestpsy.eu.qualtrics.com/jfe/form/SV_6RscduX8U2sjLy5
A lire : de Dana Castro « Ces expériences de vie qui nous font grandir », 2017, éditions Vigot-Maloine, 13 euros.
A savoir :
Le directeur général de la Santé Jérôme Salomon a annoncé la création d’une cellule d’aide psychologique via le numéro vert 0800 130 000, afin d’aider les Français désemparés face à la menace épidémique du nouveau coronavirus et aux mesures drastiques du confinement
Des numéros sont à disposition des personnes isolées : Solitud’écoute au 0 800 47 47 88 (appel anonyme et gratuit), la ligne d’écoute et de soutien téléphonique des Petits Frères des Pauvres. (ouverte tous les jours y compris les week-ends et jours fériés de 15h à 20h).