Suite au Congrès de Brest qui a réuni en octobre dernier ses militants, les Mutuelles de France lancent les conférences numériques thématiques. Ces moments d’échanges, de débats et de réflexion permettront de construire la feuille de route 2021-2023 de la Fédération. Quatre thèmes ont été retenus : « Agir en mouvement social », « Agir contre les discriminations », « Construire le militantisme mutualiste de demain » et « Réinventer les lieux mutualistes : l’exemple des tiers lieux ». Carole Hazé, vice présidente de la Fédération, présente ce dernier atelier.
Les Mutuelles de France organisent un atelier de réflexion sur « Réinventer les lieux mutualistes : l’exemple des tiers lieux ». Pourquoi ce choix ?
Ce choix répond à un besoin et à un constat qui s’entremêlent. Le besoin, c’est celui de repenser notre lien aux adhérents en recréant une connexion entre l’individu et le collectif. Non pas comme un supplément d’âme, mais comme une condition de la réussite de notre projet social et comme un moyen de faire vivre notre appartenance au mouvement social. La crise sanitaire le montre tous les jours : nous avons besoin de redonner du sens, de refaire corps, de retisser des liens peu à peu distendus.
Le constat lui est plus tangible : nous avons la chance d’avoir à notre disposition de nombreux espaces mutualistes, agences et de centres de santé, qui sont répartis sur les territoires où nous sommes présents. Ces espaces sont connus des adhérents et des patients mutualistes pour leurs accompagnements de proximité et pour la qualité des soins dispensés sans aucune avance de frais. L’objet de l’atelier est d’entamer une réflexion sur l’ouverture de certains lieux à la vie de la cité.
A quoi pensez-vous lorsque vous parlez de tiers lieux ?
Ce fut l’un des nombreux débats entre les militants des Mutuelles de France pendant le Congrès de Brest de 2020. Nous avions alors collectivement réfléchi sur l’avenir de nos espaces mutualistes lors d’un atelier où nous avions invité Aurélien Denaes, co-fondateur de Casaco, un tiers lieu coopératif d’Ile-de-France, à nous présenter sa vision et son activité.
Il nous avait fait alors comprendre que la notion de tiers lieux est une notion polysémique, qui revêt autant de définitions qu’il y a de tiers lieux et que l’important n’est pas de s’attarder sur la sémantique mais plutôt de se poser la question du sens que l’on veut donner et de l’ambition que l’on souhaite porter.
« cette ambition consiste à offrir à nos adhérents des lieux ouverts et fédérateurs afin de créér des liens et des solidarités. »
Carole Hazé, vice-présidente de la Fédération des mutuelles de France
Pour nous, cette ambition consiste à offrir à nos adhérents des lieux ouverts et fédérateurs afin de créer des liens et des solidarités. Il s’agit également d’inscrire la mutualité dans le terreau social, au carrefour des besoins de nos adhérents, des populations et des initiatives locales. Comme nous l’avons toujours fait, nous faisons le choix de l’intelligence collective pour construire ensemble ce que pourrait être un tiers lieu mutualiste. Sans trop m’avancer, je pense que les militants auront à cœur de faire de ces espaces, des lieux en accord avec notre projet de santé et avec nos valeurs d’engagement, de démocratie et de solidarité.
Quels styles de partenariats pourraient être imaginés et en quoi cela peut servir le mouvement mutualiste ?
Les seules limites que nous nous fixons sont celles des besoins des adhérents et de la population du territoire. Pour nous, les conditions sanitaires d’une personne sont liées aux conditions sociales, environnementales, économiques et culturelles qui l’entourent. C’est dire si les champs d’action sont vastes et donc les possibilités de partenariats. Bien entendu, nous réfléchirons ces coopérations au sein de l’Economie sociale et solidaire. Nous porterons une attention particulière à l’une de ses valeurs fondamentales, la proximité. Ces lieux, entre autres, pourraient accueillir des partenaires locaux pour répondre aux besoins des adhérents. Nous souhaitons faire émerger collectivement des solutions, faire évoluer les pratiques, lancer des expérimentations, innover pour démontrer que le collectif et la solidarité sont de meilleures réponses que l’individualisme et la compétition.