Les violences faites aux femmes ne baissent pas

Une femme se maquille après avoir été victie de violences conjugales

On n’a jamais autant parlé des violences faites aux femmes. Le mouvement #MeToo, les nombreux témoignages ont mis en lumière les drames vécus par des millions de femmes. Et pourtant, en ce 8 mars, journée des droits de la femme, les chiffres sont là, s’entêtent et ne diminuent pas.

Plus de 14 % des femmes déclarent avoir subi au moins une agression sexuelle
– attouchements ou étreinte forcée –, 4 % un viol ou une tentative. Pour 56 % d’entre elles, les faits ont eu lieu avant leurs 18 ans. Ces chiffres terribles sont issus de l’enquête « Virage » (VIolence et RApports de GEnre) publiée par l’Institut national d’études démographiques, qui explore toutes les formes de violence.

Au travail

Le travail est un milieu à risque pour les femmes : une sur cinq déclare y avoir subi au moins une violence dans l’année (propos, attitudes équivoques, agressions sexuelles ou physiques). La hiérarchie est le plus souvent responsable des pressions psychologiques, alors que le public ou les fournisseurs sont impliqués dans les violences physiques. Pour un tiers des victimes, les conséquences sont graves : démission, licenciement, mutation, inaptitude au travail. L’auteur n’a été sanctionné que dans 13 % des cas, et seuls 6,5 % d’entre eux ont donné lieu à réparations.

Lors d’une séparation

Les formes les plus graves de violence dans le couple n’ont pas baissé en vingt ans. Elles sont psychologiques, physiques, sexuelles ou exercées sur les enfants, durant la vie conjugale, en période de séparation ou après. Tous les milieux sociaux sont concernés, mais la violence est fortement corrélée à l’absence d’emploi : quand un conjoint (ou les deux) reste au domicile toute la journée, la fréquence des violences augmente. La séparation est une période à risque majeur. 20 % des femmes déclarent des agressions très graves subies juste avant et 16 % après.

En cas de violence physique,

Plus de 60 % des femmes ont vu un médecin ou ont été hospitalisées, d’où l’importance de la formation des professionnels de santé. Craignant les conséquences sur elles ou leurs enfants, elles sont peu nombreuses à porter plainte.

Dans l’enfance et l’adolescence

Une femme sur cinq déclare avoir subi des violences para ou intrafamiliales avant l’âge de 18 ans. Le père d’abord et la mère ensuite sont mentionnés dans les violences psychologiques et physiques. Les hommes de la famille ou de l’entourage proche sont, le plus souvent, les auteurs des agressions sexuelles. La très grande majorité des jeunes victimes n’entreprend pas de démarches auprès des autorités. Ces agressions restent donc très peu prises en compte par les politiques publiques. Or, les violences subies dans l’enfance impliquent souvent des problèmes de santé à l’âge adulte. Les victimes sont ainsi nombreuses à souffrir de troubles ostéo-articulaires ou à tenter de se suicider.

Améliorer la prévention

Ces problèmes ne sont toutefois ni systématiques ni inévitables, estiment les chercheurs de l’Ined. Le soutien des proches, les actions entreprises par les femmes pour être reconnues comme victimes, les démarches judiciaires sont d’excellents facteurs de résilience. « Les politiques publiques doivent être plus offensives. » La prévention des violences dans l’enfance doit être développée « car leurs effets sont délétères sur les parcours de vie ». Et au-delà, il faut qu’un immense travail de fond mobilise l’ensemble de la société afin de changer la vision d’un monde où la domination masculine s’exerce en toute impunité.

Des outils pour vous aider

App- Elles

Une appli simple d’utilisation qui aide les femmes à se protéger contre le harcèlement de rue et les agressions. Lancée il y a deux ans par une jeune artiste nantaise, Diariata N’Diaye, engagée contre les violences faites aux femmes, App-Elles compte plusieurs fonctionnalités très pratiques : l’alerte agression par un simple bouton, pour prévenir ses proches et contacter les secours, l’écoute violences pour être mise en relation téléphonique avec les associations nationales et locales d’accompagnement. On peut également trouver une carte des centres d’accueil dans toute la France qui apportent un soutien aux victimes. Gratuite et téléchargeable sur Ios et Androïd.

Alerte 3117

Pour signaler une agression à caractère sexuel dans les transports ou une incivilité. A l’ouverture, l’application propose un énorme bouton rouge qui vous met en relation avec un opérateur de la plateforme 3117, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Vous pouvez aussi envoyer un Sms.