L’instance officielle de l’économie sociale et solidaire, ESS France, se compose de représentants du mouvement mutualiste, à l’instar de Jocelyne Le Roux. A l’occasion du mois de l’ESS, la secrétaire générale adjointe de la Fédération des Mutuelles de France (FMF) rappelle le poids des mutuelles dans cette économie. Par ses valeurs historiques de solidarité, sa gestion démocratique et sa non-lucrativité, le mutualisme reste une inspiration dans la concrétisation d’un autre modèle social.
Quelle est la place des mutuelles dans l’économie sociale et solidaire ?
Jocelyne Le Roux : La mutualité fait partie intégrante de l’ESS. Et à titre personnel, le fait de siéger, aux côtés d’autres responsables mutualistes, au sein de l’instance officielle d’ESS France, en est d’ailleurs l’illustration. Les mutuelles représentent également une part non négligeable des emplois de l’économie sociale et solidaire. En effet, les salariés des structures mutualistes occupent 5 % des postes de l’ESS, toutes entreprises et organismes confondus. Ce qui équivaut à plus de 130 000 emplois. Le mouvement mutualiste a aussi été une source d’inspiration historique pour ce nouveau modèle économique.
De quelle manière la mutualité a-t-elle inspiré l’ESS ?
Jocelyne Le Roux : En France, l’un des tous premiers modèles de solidarité a été celui des caisses de secours mutuelles, qui ont préfiguré à la création de la Sécurité sociale. Ces structures actives au XIXe siècle reposaient sur un système d’aide mutuelle entre ses membres, en cas de maladie ou d’accident. Une première concrétisation du concept de solidarité, qui est au cœur du mouvement mutualiste et de celui de l’économie sociale et solidaire. La gouvernance et la non-lucrativité des mutuelles ont, elles aussi, été reprises au sein de l’ESS.
Pourriez-vous nous rappeler le principe de gouvernance des mutuelles ?
Jocelyne Le Roux : Au sein des mutuelles, le modèle que nous défendons est celui d’une gouvernance démocratique. Chaque adhérent qui le souhaite est en effet invité à participer aux prises de décisions de l’entreprise, en siégeant au conseil d’administration. Cette représentativité se retrouve également au cœur de l’ESS.
« L’ESS a un rôle fondamental a jouer pour démontrer justement qu’un autre système social, basé sur la solidarité et l’émancipation des individus, est aujourd’hui possible »
Jocelyne Le Roux, secrétaire générale adjointe de la Fédération des Mutuelles de France (FMF)
Et au sujet de la non-lucrativité mutualiste ?
Jocelyne Le Roux : Comme elles n’ont pas d’actionnaires à rémunérer, les mutuelles réinvestissent tous leurs bénéfices, pour réaliser des actions de prévention, des événements autour de l’éducation populaire, ainsi que des crèches et des centres de santé pour répondre concrètement aux besoins sur les territoires. Ce principe de non-lucrativité permet de remettre l’humain au centre de toutes les décisions. Et le modèle mutualiste montre ainsi qu’une autre économie est possible, en dehors du modèle capitaliste.
Quelles sont les attentes de la mutualité envers l’économie sociale et solidaire ?
Jocelyne Le Roux : L’ESS a un rôle fondamental a jouer pour démontrer justement qu’un autre système social, basé sur la solidarité et l’émancipation des individus, est aujourd’hui possible. Les derniers chiffres en date confirment la bonne santé de l’économie sociale et solidaire. L’ESS représente en effet 10,5 % de l’emploi en France, et 13,9 % des emplois du secteur privé. Plus de 2,3 millions de personnes y travaillent aujourd’hui.
De quelle manière la mutualité collabore-t-elle avec ESS France ?
Jocelyne Le Roux : Au sein de la Chambre Française de l’Économie Sociale et Solidaire, également appelée ESS France, figurent quatre représentants mutualistes. Nous apportons notamment un éclairage sur les questions d’inégalités en matière de santé. Les principes d’accès aux soins défendus par la Fédération des Mutuelles de France, à laquelle j’appartiens, ont ainsi été inclus dans le grand plaidoyer rédigé par ESS France, rédigé en vue des élections présidentielles de mai dernier pour mieux faire connaître l’économie sociale et solidaire auprès des différents candidats, mais également du grand public. Les efforts de communication autour de l’ESS et de l’importance des mutuelles dans cette économie se poursuivent d’ailleurs aujourd’hui.