« A l’approche des JO, les plus précaires sont victimes de nettoyage social »

Paul Alauzy, coordinateur veille sanitaire à Médecins du Monde et porte-parole du collectif Le Revers de la médaille, en avril 2024. Photo Magali Delporte

Les Jeux olympiques et paralympiques bouleversent la ville de Paris et sa région, et rendent impossible le maintien de certains dispositifs d’aide destinés aux plus fragiles. Rencontre avec  Paul Alauzy, porte-parole du Revers de la médaille, un collectif qui dénonce l’inertie des pouvoirs publics sur le sujet.

Comment est né ce collectif et quel est son objectif ?

Paul Alauzy : Le collectif Le Revers de la médaille, qui regroupe près de 90 associations maintenant, est né en octobre 2023. Depuis plusieurs mois déjà, les acteurs qui travaillent auprès des exilés, des sans-abri ou des personnes identifiées Roms, constataient des signes de nettoyage social annonciateurs de l’arrivée des Jeux. Nous avons voulu rendre tout cela visible et réfléchir aux solutions possibles. C’est comme ça que le collectif est né. Nous avons mené différentes actions de sensibilisation en précisant que nous n’étions pas contre cet évènement, mais qu’il fallait alerter sur l’impact social pour les plus fragiles.

En quoi ces JO sont-ils un problème pour les personnes en situation de précarité ?

P. A. : Quand un événement sportif d’une telle ampleur a lieu, des millions de gens arrivent dans la ville organisatrice et l’espace public devient complètement saturé. Or, les personnes à la rue dépendent directement de cet espace. C’est là qu’elles vivent, qu’elles dorment et que les plus fragiles accèdent à l’eau potable, aux aides alimentaires, aux soins.


 On nous avait promis une fête populaire et inclusive, ce n’est pas du tout le cas.  

Une fois que cet espace se remplit de touristes et de forces de l’ordre, il devient inhospitalier pour les plus précaires. Les campements sont évacués, les migrants et les personnes sans domicile sont envoyés en région sans solution de logement pérenne. Les points de distributions alimentaires deviennent inaccessibles et l’accès aux soins est très compliqué.

Le 30 octobre, vous avez demandé un plan pour la prise en charge des plus fragiles pendant les Jeux. Que s’est-il passé depuis ?

P. A. : Nous avons été reçus par le Comité d’organisation des JO, et nous avons obtenu des rendez-vous politiques avec les préfectures, les mairies concernées et avec les ministères des Sports et des Solidarités. Personne ne remet en cause les éléments factuels que l’on avance, même si les mots « nettoyage social » dérangent.

On nous promet des choses, mais je suis sur le terrain tous les jours et ça n’avance pas. Je peux citer des opérations emblématiques comme le démantèlement, l’année dernière, du squat Unibéton, sur l’Île-Saint-Denis à proximité du futur village olympique, où près de 500 personnes ont été expulsées, ou bien celui d’un bidonville, situé à Bordeaux près du stade Matmut, en avril dernier.

Jusqu’à présent, nous n’avons pas gâché la fête, mais des gens meurent dans les rues de Paris et sont victimes du nettoyage social. Alors s’il faut qu’on se fasse entendre pendant les Jeux avec des actions plus engagées, on le fera.  

...

Ce contenu est réservé aux abonnés ou aux adhérents de la mutuelle.
Vous pouvez trouver le code d'accès dans l'édition papier de Viva Magazine, en bas de page dans le cahier central. Aperçu magazine


Veuillez vous identifier pour afficher l'article.

Connexion pour les abonnés ou les adhérents