[Exclusif] La coalition mutualiste engagée contre l’amiante et les pesticides se mobilise à l’occasion des élections européennes. Dans cette tribune, plus de 300 responsables mutualistes rappellent que ce rendez-vous électoral peut permettre à tous les citoyens de réclamer une véritable politique publique autour de la santé environnementale.
« Plus de 300 responsables mutualistes appellent aujourd’hui à une prise de conscience générale en faveur de la santé planétaire. Que veulent-ils ? Que vos vœux de bonne année et de bonne santé au soir du 31 décembre ne soient pas des paroles en l’air. Qui sont les mutualistes ? Plus d’un Français sur deux, dont vous faites probablement partie. La santé est essentielle pour réaliser vos rêves. Quand vous ou un proche la perdez, vous en comprenez toute la valeur. La santé n’a pas de prix. Voici leur appel.
L’accès à la santé est un droit à renforcer et à rendre effectif pour tous. Avec l’accélération des crises écologiques, le principal risque est un abandon collectif de nos responsabilités. Lorsque l’Etat français est condamné pour inaction climatique le 1er juillet 2021, nous ressentons une trahison. Avec 4 Français sur 5 souffrant d’éco-anxiété, les mutualistes doivent être à la hauteur des défis de la santé planétaire.
La santé planétaire concerne la santé de la civilisation humaine et l’état des systèmes naturels dont elle dépend. Nous ne pouvons être en bonne santé que sur une Terre en bonne santé. Les défis sanitaires et écologiques, tels que le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité et la pollution aux pesticides, nécessitent un investissement dans une culture de la santé planétaire au sein de toute la société et aussi du mouvement mutualiste.
Cette idée est une continuité du concept de santé globale de la Constitution de l’OMS en 1946 : “La santé de tous les peuples est une condition fondamentale de la paix du monde et de la sécurité ; elle dépend de la coopération la plus étroite des individus et des Etats.” Ce préambule devrait être une boussole, surtout avec le retour de la guerre en Europe.
Le mutualisme a un rôle majeur à jouer pour la santé des peuples et la paix mondiale. En tant que corps intermédiaire solide, démocratique et non lucratif, le mutualisme est nécessaire, car de nombreux Etats, dont la France, ne prennent pas les mesures nécessaires pour la santé planétaire. Des intérêts financiers court-termistes passent trop souvent avant la santé planétaire.
La création d’une culture de la santé planétaire doit être envisagée pour les décennies à venir. Relever le défi climatique, protéger la biodiversité et stopper les pollutions aux pesticides nécessitent des actions audacieuses et coordonnées. Si les mutualistes et les politiques publiques ne prennent pas en compte les facteurs écologiques de la santé publique, notre modèle de protection sociale va progressivement péricliter.
Ambroise Croizat, avec l’ordonnance du 19 octobre 1945, nous a donné la responsabilité d’agir dans le champ de la prévention : “La Mutualité doit être l’élément moteur, qui prend les initiatives nouvelles et réalise les expériences.” Concrètement, que devons-nous faire pour une culture de la santé planétaire ?
- Former nos membres à la santé planétaire et la prévention.
- Evoluer vers des modes de déplacement, de gestion et de choix alimentaires dans nos restaurants collectifs qui limitent notre empreinte carbone.
- Exercer une veille scientifique qui permette de communiquer des informations de qualité sur la santé planétaire.
- Soutenir des initiatives associatives en faveur de la santé planétaire.
- Plaider auprès des pouvoirs publics en France et au sein de l’Union européenne pour que la santé soit présente dans toutes les politiques.
Le mouvement mutualiste doit pleinement renouer avec son projet initial de solidarité né il y a plus de cinq siècles. Il tient en trois mots : le pari solidaire. La solidarité est le meilleur facteur de résilience. L’entraide est plus forte que la compétition, et la fraternité permet la dignité pour tous. La démocratie est la seule option pour construire l’intérêt général.
Osons un mouvement mutualiste français qui serait une locomotive de la prévention en agissant sur les causes profondes de la santé publique. Nous sommes plus de 35 millions de bénéficiaires de mutuelles en France. Nous devons inverser la tendance qui voit des maladies de plus en plus fréquentes avec un état de santé de nos écosystèmes qui se dégrade. L’indifférence et la passivité ne sont pas acceptables.
Notre véritable raison d’être est de prévenir plutôt que guérir et de cultiver la fraternité plutôt que l’individualisme.
A l’heure où la santé planétaire est en péril, le mouvement mutualiste doit renouer avec son histoire lumineuse et parier sur la solidarité. Il est temps de prendre soin de l’héritage que nous léguerons : être solidaires de la santé du climat, des océans, des rivières et des nappes phréatiques, enfin, de tous les habitants de la Terre, humains et non-humains. Les élections européennes du 9 juin se rapprochent. Il est temps de nous mobiliser pour faire de ce rendez-vous démocratique majeur pour notre avenir une opportunité. Nous allons questionner les candidats sur les enjeux sanitaires liés à l’amiante, aux pesticides et à l’agriculture biologique. Les nombreux reculs politiques ces derniers mois au sujet des pesticides sont une atteinte directe et inacceptable à la santé publique.
Soyons pleinement acteurs de la santé planétaire dans les urnes le 9 juin et retrouvons confiance en l’avenir. »
Au total, 20 mutuelles protégeant plus de 7 millions de Français et 317 responsables mutualistes ont signé cette tribune.
Parmi les signataires :
Martin Rieussec-Fournier, administrateur de La Mutuelle Familiale ; Argentine Paoli, présidente de la Mutuelle de la Corse ; Alain Payan, président de la Tutélaire ; Béatrice Torrez, vice-présidente de la SMH ; Antoine Di Ruzza, trésorier de Solimut Mutuelle de France ; Carole Moreira, présidente de la SMH ; Bernard Altariba, directeur général de La Mutuelle Familiale ; Christian Boutonnet, 1er vice-président de la Tutélaire ; Carole Hazé, présidente de Solimut Mutuelle de France ; Dominique Douine Varela mandataire mutualiste, Aubeane Mutuelle ; Cyril Frizon, directeur général de la Mutuelle des services publics ; Daniel Guillaumin, président d’Alh’vheol ; Didier Thevenot, président de la Mutuelle Générale de Prévoyance ; Eric Capdeville, président de la Somupos ; Eric Rafael, président de Mutuale ; Félix Abecia, président CAR Île-de-France de La Mutuelle Familiale ; Fethi Cheikh, président d’Aubeane Mutuelle de France ; Henry Tite-Gres, ancien président de la Mutuelle de la Méditerranée. Retrouvez la liste complète des signataires ici.