Santé de l’enfant : les annonces gouvernementales jugées insuffisantes

Les mesures gouvernementales annoncées à l'issue des Assises de la pédiatrie ont été accueillies avec circonspection par les responsables associatifs et syndicaux. ©123RF
Les mesures gouvernementales annoncées à l'issue des Assises de la pédiatrie ont été accueillies avec circonspection par les responsables associatifs et syndicaux. ©123RF

Pendant plusieurs mois, les professionnels de la santé de l’enfant ont été consultés pour témoigner de la crise de leur secteur. Ces travaux menés dans le cadre des Assises de la pédiatrie se sont achevés fin mai 2024. A l’occasion de la présentation du rapport officiel issu de ces entretiens, le ministre délégué à la santé, Frédéric Valletoux, a fait l’annonce d’un plan dédié.

Retour à l’hiver 2022. La France est alors traversée par trois épidémies en même temps : la bronchiolite, la grippe et le Covid. « Les urgences pédiatriques sont saturées. Les lits d’hospitalisation conventionnelle et en soins critiques manquent. Les services de néonatologie sont en difficulté. La permanence des soins devient problématique, avec pour conséquence des démissions qui s’accélèrent parmi des équipes épuisées. »

Dès son introduction, le rapport des Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant rappelle ce contexte de crise. Le document poursuit en précisant qu’il s’agit en outre « de la face immergée de maux bien plus profonds qui affectent la santé globale de l’enfant. »

Pénurie de soignants

Au cours de cette période, le gouvernement annonce le lancement d’Assises. Pédiatres, pédopsychiatres et soignants vont alors être interrogés pendant plusieurs mois. Et l’urgence de la situation qu’ils décrivent sera exposée dans ce rapport officiel. Ainsi que les derniers chiffres témoignant des difficultés d’accès aux soins dans ce secteur. Et ceux illustrant la pénurie de professionnels de santé.

  • « Il ne reste plus que 800 médecins scolaires en France quand naissent chaque année plus de 700 000 enfants. Partout, les pédopsychiatres sont en nombre insuffisant. Les délais d’attente dans les CMP-Infanto-Juvéniles varient entre 6 et 12 mois », précise le rapport.  

Nouveaux risques

Après 18 mois de travaux, les recommandations du comité d’orientation des Assises sont diffusées. Parmi les spécialistes figurant dans cette commission se trouvaient la présidente de la Société française de pédiatrie, Christèle Gras Le Guen, ainsi que l’ancien secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles, Adrien Taquet. Leurs préconisations concernent notamment :

  • les urgences pédiatriques,
  • la santé mentale,
  • la prévention sur les nouveaux risques qui pèsent sur les enfants, comme les écrans…

« Droit à la santé de chaque enfant »

Le 24 mai dernier, le ministre délégué à la santé, Frédéric Valletoux a dévoilé les mesures gouvernementales censées répondre aux conclusions du rapport. Une feuille de route jusqu’à l’année 2030 a ainsi été présentée sur les sujets de prévention, de prise en charge sanitaire, de santé mentale et de recherche médicale…

Ces annonces ont été accueillies par les responsables associatifs et syndicaux avec circonspection, voire méfiance. En effet, pour Unicef France, elles ne sont pas « à la hauteur de l’urgence et des besoins actuels. » Dans un communiqué de presse, la présidente de l’association, Adeline Hazan, a alerté sur « l’écart considérable entre les ambitions et les propositions du comité d’orientation. Des réponses structurelles sont encore attendues pour le respect du droit à la santé de chaque enfant. »

« La situation se détériore chaque jour »

Le Syndicat national des pédiatres en établissement hospitalier (SNPEH) souligne également le retard pris par le ministère dans la mise en place d’un plan d’action. Le SNPEH rappelle ainsi que les résultats des Assises de la santé de l’enfant étaient « initialement attendus pour l’été 2023. Pendant ce temps, la situation se détériore chaque jour. Le personnel médical et paramédical est à bout de souffle. » L’organisme de représentation des pédiatres affirme enfin que « l’accès aux soins d’urgence pédiatriques est de plus en plus compromis en France. »

Aucune annonce officielle sur le budget alloué

De nombreux professionnels de santé ont en outre fait part de leurs inquiétudes concernant le budget attribué à ces mesures. Pour le moment, Frédéric Valletoux n’a pas fait d’annonce officielle à ce sujet. Le ministre délégué a indiqué qu’il préciserait prochainement le montant d’une enveloppe allouée.