Avec près de 10 000 décès par an et plus de 200 000 tentatives, les conduites suicidaires restent une préoccupation majeure en France. Face à ces chiffres préoccupants, l’Observatoire national du suicide, créé en 2013, poursuit sa réflexion pour mieux comprendre et prévenir ce fléau de santé publique.
En 2012, le suicide a causé la mort de 9 715 personnes en France métropolitaine, soit près de 27 décès par jour, loin devant la mortalité routière qui s’est élevée, cette même année, à 3 426 victimes. Il s’agit là d’une estimation, puisque, en raison d’erreurs ou d’absence de codage parmi les 558 408 certificats de décès enregistrés en 2012, le nombre de suicides se rapprocherait plus vraisemblablement des 10 700 décès, estime l’Observatoire National du suicide. De la préadolescence au grand âge, le suicide concerne l’ensemble de la société, même s’il se pose avec plus d’acuité pour les hommes et chez les personnes âgées. 75 % des décès par suicide sont masculins. La surmortalité masculine est présente à tous les âges, bien que davantage marquée entre 25 et 44 ans où la part des décès masculins avoisine 80 %. Deux pics d’âge existent. Le premier entre 45 et 54 ans, où il atteint 25,1 pour 100 000, le second à partir de 75 ans où les taux sont supérieurs à 30 pour 100 000.
200 000 tentatives
Le nombre de tentatives de suicide est estimé à environ 200 000 par an, 20 fois plus que le nombre de suicides. Il est surtout le fait des jeunes filles entre 15 et 20 ans et dans une moindre mesure des femmes âgées de 40 à 50 ans, même si pour ces deux classes d’âges, une baisse des taux d’hospitalisation dans les services de médecine et de chirurgie suite à une tentative de suicide est observée depuis 2010. Il faut aussi tenir compte de ceux qui déclarent avoir eu des pensées suicidaires : parmi les personnes de 15 à 75 ans interrogées en 2014, 5 % en France métropolitaine.
Les facteurs de risque
De la revue de la littérature émerge un consensus autour du constat suivant : les facteurs psychiatriques apparaissent comme les premiers facteurs de risque pour les décès par suicide et les tentatives de suicide. Ces facteurs regroupent à la fois les troubles de l’humeur (dépression, troubles bipolaires), les troubles schizophréniques, les troubles anxieux et les troubles liés à l’abus de substances. Un faible niveau d’éducation, de revenus ou le fait d’être au chômage se révèlent des facteurs de poids comparable à celui des troubles psychiatriques, en particulier pour les hommes. Par ailleurs, certaines des études suggèrent que la précarité économique constituerait un risque de comportements suicidaires, certes moins immédiat que les facteurs psychiatrique,s mais prégnant à plus long terme.
Les effets d’abus dans l’enfance font l’objet de très nombreuses recherches contemporaines En effet, l’existence d’une maltraitance infantile telle que les abus ou négligences d’ordre psychologique, physique ou sexuel, serait un facteur de risque de la survenue de conduites suicidaires à l’âge adulte.
Le niveau de suicide est plus élevé en prison que dans l’ensemble de la population. Selon les données du ministère de la Justice, le taux de suicide masculin en prison est sept fois plus élevé que celui des hommes en population générale pour la période 2005-2010.
Plus en Bretagne qu’en Corse
Le taux de suicide en France métropolitaine pour l’année 2012 atteint 15,3 pour 100 000 mais ce taux varie de 5,5 pour 100 000 en Martinique à 24,8 pour 100 000 en Bretagne. C’est dans les régions de l’Ouest et du Nord que l’on observe traditionnellement les taux de suicide les plus élevés, proches ou dépassant 18 pour 100 000 habitants dans cinq régions : la Bretagne mais aussi la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie (20,4), la Normandie (19,3), les Pays de la Loire (18,9) et la région Centre-Val de Loire (18,3). Un gradient intermédiaire de mortalité par suicide est observé pour les régions allant de l’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes jusqu’en Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine avec des taux proches de ceux de la moyenne nationale. A l’opposé, le Sud et l’Est de la France présentent les taux les plus faibles, inférieurs à 14 pour 100 000 habitants.
Un sur deux par pendaison
En 2012, les modes de suicide les plus fréquents sont les pendaisons (54 %), les armes à feu (15 %), les prises de médicaments et autres substances (11 %) et les sauts d’un lieu élevé (7 %) Ces modes de décès diffèrent sensiblement selon le sexe. Pour les hommes, la pendaison est à l’origine de 59 % des suicides et les armes à feu de 19 % Pour les femmes, la pendaison (39 %) et la prise de médicaments et autres substances (25 %) sont les modes les plus utilisés.Les suicides par pendaison touchent principalement les régions du nord- ouest de la France pour lesquelles les pourcentages avoisinent, voire dépassent, 60 %. La part des décès par arme à feu varie de 9,1 % en Bretagne jusqu’à 33,3 % en Corse.
Et ailleurs ?
Au sein de l’Europe, la France se situe dans le groupe des pays à fréquence élevée de suicide, malgré une baisse du taux de suicide observée entre 2000 et 2012. Ce taux est nettement plus élevé chez les hommes, et en particulier les hommes âgés.
Ils peuvent vous aider
• Contact (dialogue entre les parents, les lesbiennes, gays, bi et trans, leurs proches) 0805696464
• Favec (Fédération de conjoints survivants et parents d’orphelins) 0 800 005 025
• France Dépression (contre la dépression et les troubles bipolaires) 0140610566
• Le Refuge (pour les personnes en situation d’isolement, victimes d’homophobie) 0631596950
• Phare Enfants-Parents (association de parents d’enfant suicidé) 0143460062
• Schizo ?… Oui ! (Oser parler de schizophrénie) 0145894944
– Sos Amitié 0142962626
• Sos Suicide Phénix 0140444645