Polluants organiques persistants : « Une surveillance mondiale nécessaire »

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L’organisme de l’ONU a surveillé durant trois ans trente polluants organiques persistants dans 42 pays et appelle à une surveillance mondiale de ces substances. ©123RF

Le Programme des Nations unies pour l’environnement tire la sonnette d’alarme sur la présence, notamment dans le lait maternel, de polluants organiques persistants.

Une présence préoccupante et difficile à éradiquer. C’est ce que confirment une fois de plus les résultats de la deuxième phase du plan mondial de surveillance des polluants organiques persistants (POP) orchestrée par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Plus communément appelés « polluants éternels », ces produits chimiques toxiques prennent du temps à se décomposer. A terme, ils ont des effets néfastes sur l’environnement et sur la santé.

L’un des principaux messages du rapport du PNUE est clair : « Les études en cours confirment de plus en plus la prévalence mondiale de POP tels que les composés alkyls perfluorés et polyfluorés (PFAS) et les paraffines chlorées (CP), même dans les zones reculées, soulignant la nécessité d’une surveillance mondiale pour éclairer la gestion rationnelle de ces polluants. » C’est la Convention de Stockholm qui avait lancé le plan mondial de surveillance des POP en 2004, alors qu’elle interdisait pour la première fois 12 polluants organiques persistants, les fameux « douze vilains ».

Un projet d’envergure

La deuxième phase de ce plan mondial s’est tenue entre 2016 et 2024 à travers 42 pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et des Caraïbes. Elle a notamment porté sur la collecte et l’analyse de 900 échantillons d’air, d’eau et de lait maternel. L’une des conclusions de l’étude concerne les pays en développement et ceux « dont l’économie est en transition ».

Ces Etats sont « confrontés à des défis majeurs en matière de gestion de la contamination, des émissions et de l’exposition aux POP ». Une situation amplifiée d’après le rapport du PNUE par l’allongement de la liste des POP. En 2019, trente produits chimiques ou groupes de produits chimiques y figuraient.

Enquête significative sur le lait maternel

L’enquête la plus longue et la plus significative sur l’exposition de l’homme à ces 30 polluants est celle qui a été menée sur le lait maternel. Au total, 82 pays des Nations unies y ont participé entre 2000 et 2019. Dans son rapport, le PNUE a révélé les résultats observés dans 35 pays entre les années 2016 et 2019.

Trois sous-familles des Pfas sont aujourd’hui intégrées à la convention de Stockholm – les Pfos, Pfoa, et PFHxS. Elles ont été retrouvées dans les échantillons de lait maternel des 35 Etats ayant effectué des mesures (14 pays d’Afrique, 9 pays d’Amérique du Sud, 4 d’Asie, et 8 des îles du Pacifique). 

DTT en baisse, mais…

Les niveaux mondiaux de certains anciens POP ont diminué de « manière mesurable ». C’est le cas du DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane). Entre les périodes 2008-2011 et 2016-2019, ses concentrations ont chuté en moyenne de 70 % dans les échantillons de lait maternel. Mais ses taux restent cependant élevés.

Pire, les concentrations de POP émergents, comme les particules carbonées, ont montré « des tendances à la hausse dans de nombreux pays ». Le rapport préconise de poursuivre cette surveillance tout en « renforçant la collaboration entre les secteurs de l’environnement et de la santé ». Une démarche nécessaire pour « soutenir l’élaboration de politiques transversales et efficaces ».