L’alcoolisme au féminin, un fléau dont il faut parler

L’alcoolisme au féminin touche aujourd’hui entre 500 000 et 1,5 million de femmes selon Santé publique France. ©123RF

Elle a plongé dans l’alcool très jeune. Un jour, sur son lieu de travail, un événement déclencheur lui a fait prendre conscience qu’elle était devenue alcoolique. Aujourd’hui, Laurence Cottet, 63 ans, s’engage pour briser le silence sur ce tabou au féminin et aider les femmes à sortir du cercle infernal.

« La société prend enfin conscience que les femmes aussi peuvent être alcooliques et que oui, c’est une maladie », explique Laurence Cottet. Une maladie qu’elles vivent comme une honte, souvent en solitaire.

Mais elles sont de plus en plus nombreuses, comme elle, à briser le silence et à prendre la parole pour livrer leur témoignage et faire avancer les choses.

Je leur raconte mon histoire, l’enfer dont je suis revenue et la honte que j’ai vécue. Et ça leur parle. Elles savent que je les comprends. Je leur dit aussi que le chemin est long et qu’il faut qu’elles s’accrochent. 

Laurence Cottet
Laurence Cottet, ancienne alcoolique, et aujourd’hui consultante en addictologie, patiente-experte vacataire en addictologie au CHU Grenoble-Alpes. Elle est aussi présidente de l’association Janvier sobre (dry january). © Laurence Cottet

Un engagement fort

« Je porte mon histoire comme un étendard », confie Laurence. A 63 ans, elle n’a plus de temps à perdre.

L’alcool a trop longtemps été un amer compagnon avec lequel elle a entretenu une relation toxique. Aujourd’hui, elle s’engage.

Elle est devenue consultante en addictologie, patiente-experte vacataire en addictologie au CHU Grenoble-Alpes, où elle anime notamment des groupes de femmes. « Je leur raconte mon histoire, l’enfer dont je suis revenue et la honte que j’ai vécue. Et ça leur parle. Elles savent que je les comprends. Je leur dit aussi que le chemin est long et qu’il faut qu’elles s’accrochent. »

Laurence Cottet est aussi présidente de l’association Janvier sobre qui a créé l’événement Dry January qui rassemble de plus en plus de volontaires, malgré l’absence de soutien des pouvoirs publics. L’idée est de faire une pause dans sa consommation d’alcool pendant un mois et plus si possible.

L’alcool cache souvent des traumatismes

« J’ai commencé très tôt à boire, car j’étais en manque d’amour. Et je me suis rendu compte, des années plus tard que mon alcoolisme cachait aussi un énorme traumatisme. »

Car l’alcoolisme au féminin qui touche aujourd’hui entre 500 000 et 1,5 million de femmes selon Santé publique France et les chiffres sont sans doute sous-estimés, révèle très souvent des origines douloureuses, un traumatisme, un choc, un accident de vie…

Très souvent ce sont des violences sexuelles qui sont à l’origine de cette addiction. Laurence a pu mettre des mots sur ses traumatismes. Mais d’autres n’ont pas cette chance.

Des conséquences plus graves sur la santé des femmes

La consommation excessive d’alcool a des conséquences plus graves chez les femmes, en raison de leurs différences physiologiques : masse musculaire plus faible, cycle hormonal… Elles risquent de faire un accident cardiovasculaire ou déclencher une cirrhose, plus tôt que les hommes. La probabilité de déclencher un cancer du sein est aussi accru.

C’est pour ces raisons que leur prise en charge doit être plus rapide. Encore faut-il qu’elles consultent et qu’elles puissent en parler à leur médecin, à leur entourage. « Or il faut six mois d’attente en moyenne pour obtenir un rendez-vous dans un service d’addictologie, déplore Laurence, mais les choses avancent et je ne désespère pas. »

A savoir : l’alcool est responsable d’environ 41 000 décès en France. Il reste la deuxième cause de mortalité évitable après le tabac. Il est à l’origine de 7 % du nombre total de décès de personnes âgées de plus de 15 ans.

Rappel : selon Santé publique France, on peut consommer deux verres par jour et pas tous les jours, et dix maximum par semaine. Pour les femmes enceintes, en revanche, c’est zéro alcool pendant la grossesse.

A lire : Non j’ai arrêté, de Laurence Cottet, éd. Dunod InterEditions, 17 euros. 

A voir : le film Des jours meilleurs, de Elsa Bennett et Hippolyte Dard, avec Valérie Bonneton, Michèle Laroque, Sabrina Ouazani, actuellement en salle, où Laurence Cottet a été conseillère. Et le documentaire, Alcoolisme au féminin, elles brisent le tabou, réalisé par Alexandra Combe, à voir sur France.tv.