L’hôpital est en crise et à quelques semaines des vacances d’été, les urgences, déjà en sous-effectifs, sont au bord de l’implosion. Les services font face au manque de personnels et de moyens. Beaucoup de soignants sont au bout du rouleau. Les femmes, nombreuses dans ces professions de la santé, paient un lourd tribu.
Elles ont été en première ligne pendant la crise du Covid-19. On les a applaudies puis… oubliées. Infirmières, aides-soignantes, étudiantes en médecine, sages-femmes : elles sont aujourd’hui nombreuses à se retrouver sur le fil du rasoir, entre désespoir, fatigue et amour inconditionnel de leur métier.
Plus de deux ans après le début de l’épidémie de Covid-19, le diagnostic reste le même : l’hôpital est plus que jamais au bord de l’implosion. Et son personnel, infirmières, aides-soignantes, étudiantes en médecine, sages-femmes…, exténué.
Perte de motivation
Les démissions de soignants se multiplient ; de nombreux étudiants abandonnent leurs études. En 2020, sur les 392 593 lits d’hospitalisation complète que comptait la France, 5 758 ont été fermés. Une tendance qui se confirme depuis plusieurs années. On le voit, la paupérisation de notre système de santé s’accélère, malgré un Ségur qui avait promis des augmentations de salaire (trop insuffisantes, selon les intéressés).
L’hôpital ne basculera pas dans le monde d’après. Ne restent que le découragement et la détresse des soignants, les femmes en tête. « Lorsque je me rendais à mon travail, je savais que je partais pour dix heures de galère, explique Karine, infirmière aux urgences dans un hôpital parisien. C’était devenu beaucoup trop lourd à gérer, alors j’ai complètement craqué. »
Une charge de travail qui s’alourdit
Elles sont nombreuses, depuis la crise du Covid-19, à trouver que la charge de travail s’alourdit aux urgences, en réanimation et dans tous les services de l’hôpital. Plus d’administratif, moins de soins, moins de relationnel, l’impression de tout quantifier et de transformer en chiffres ce qui relève de l’humain. Des aides-soignantes aux infirmières, en passant par les internes et les cadres de santé, la plupart ressentent ce malaise. Chez les médecins, 56 % des femmes déclarent être en burn-out.
Victimes d’un système malade, à bout de souffle, elles sont épuisées, à la fois psychiquement et physiquement. Ce n’est pas tout : le métier de soignant peut aussi briser les corps. Une infirmière sur cinq part à la retraite avec un taux d’invalidité. La profession souffre de « troubles musculo-squelettiques, de problèmes de dos, d’épaule… », déplore une infirmière, secrétaire générale CGT de l’hôpital d’Epernay.
D’après une étude récente de leur caisse de retraite, l’espérance de vie des infirmières est de 78 ans contre 85 ans pour les autres femmes françaises. La pandémie a mis en exergue des problèmes structurels qui existaient déjà avant la crise. Mais cette fois-ci, la coupe est pleine.
Laisser tomber la blouse
Alors, pour soigner les soignants, la clinique Le Gouz, située à Louhans (Saône-et-Loire), propose un programme de prise en charge spécifique. Ici, 80 % des patients sont des femmes. Infirmières mais aussi cadres de santé, aides-soignantes, étudiantes en médecine : elles ont toutes fait l’expérience du burn-out.
« J’adore mon métier et j’ai mis du temps à admettre que j’allais très mal. Parce que c’est moi qui devais soigner les autres et non pas le contraire », avoue Christine, cadre de santé. Mais il faut bien se rendre à l’évidence : les soignants, eux aussi, ont besoin d’être soignés si l’on souhaite que le système continue de fonctionner. Deux ans après son ouverture, la clinique Le Gouz propose un hôpital de jour pour suivre ses patients à l’issue de leur hospitalisation complète.
Sages-femmes essorées
Également très impliquées pendant le confinement, les sages- femmes ont, elles aussi, poursuivi leur travail en pleine pandémie dans des conditions particulièrement difficiles. Aujourd’hui, 40 % d’entre elles affirment être à bout et épuisées professionnellement. Ces dernières années, elles sont descendues dans la rue, à maintes reprises, pour réclamer davantage de considération. Malgré une légère revalorisation des salaires obtenue après le Ségur, la gronde des maïeuticiennes ne se tarit pas. Au cœur de leur mécontentement : le manque d’effectifs qui ne leur permet plus d’exercer leur travail correctement. Seront-elles enfin entendues ?
A lire sur le site de Viva, un article plus détaillé sur la clinique Le Gouz : https://cutt.ly/XORZp6y
Pour trouver de l’aide Numéro d’écoute destiné aux soignants : 0 800 800 854, disponible 24 heures sur 24 et 7jours sur 7. Et sur Internet : souffrance-infirmiere.fr