Coût exorbitant des traitements contre le cancer : une pétition est lancée

Le coût exorbitant des médicaments contre le cancer risque d’éliminer tout espoir pour les malades. Une pétition est lancée par le Pr Maraninchi. 110 cancérologues ont déjà rejoint la cause.

Le coût croissant et aujourd’hui exhorbitant des traitements contre le cancer risque fort de compromettre les espoirs des malades et des médecins, si rien n’est fait. C’est en substance le message de la pétition lancée par le Pr Maraninchi, éminent cancérologue français, directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé de février 2011 à août 2014.
110 cancérologues de renom ont déjà rejoint la cause en signant la pétition.

Pourquoi des prix si élevés ?

La facture du cancer pèse lourd sur les comptes de la Sécurité sociale. Elle augmente de 10 % par an pour atteindre 17 milliards d’euros en 2015. A quoi est due cette inflation ? A cause du poste Recherche et développement (R&D), rétorquent les laboratoires pharmaceutiques. Pourtant, s’insurgent les signataires de la pétition, le coût de ce poste a diminué. En moyenne 15 % du chiffre d’affaires de la branche est allouée à la R&D, peut-on lire dans la pétition, contre plus de 25 % pour les dépenses de  marketing, et des marges bénéficiaires annoncées excédant 15 %, pour les laboratoires. « Par ailleurs, expliquent les pétitionnaires, ces nouveaux traitements bénéficient d’autorisations de mise sur le marché (Amm) très rapides, donc leur temps de développement est beaucoup plus court qu’auparavant. » Aucune raison valable donc d’atteindre ces prix faramineux.

L’accès aux soins pour tous menacé

Notre système de soins est solidaire, mais jusqu’à quel point et jusqu’à quand ? Car le coût exorbitant des traitements anticancer touche aujourd’hui d’autres médicaments innovants comme ceux de l’hépatite C. Les associations de malades se sont récement insurgées contre de telles pratiques.

Des écarts de prix très importants sont observés d’un pays à l’autre. Aux Etats-Unis, l’Imatinib (Glivec®), traitement très efficace de la leucémie myéloïde chronique, a vu son prix passer en quinze ans de 30 000 à 90 000 dollars par an, sans que le service médical rendu ait été amélioré. Alors que l’on sait que des dizaines de millions d’Américains ne bénéficient ni d’une aide de l’Etat ni d’une assurance santé personnelle. Quant à ceux qui sont couverts par une assurance santé, ils doivent quand même s’acquitter d’un « reste à charge » de 25 000 à 30 000 dollars par an, soit la moitié du revenu moyen des ménages aux Etats-Unis.

Au Royaume-Uni, des traitements pourtant efficaces sont aujourd’hui déremboursés à cause des dépenses qu’ils engendrent.

Que propose la pétition ?

Loin de dénigrer le travail des laboratoires pharmaceutiques, les pétitionnaires souhaitent que soit défini un juste prix pour les médicaments du cancer, basé sur les sommes investies par les industriels pour la R&D du produit (en tenant compte des apports fournis par la recherche académique) auquel s’ajouterait un retour sur investissement raisonnable.

Ils espèrent que le système d’arbitrage des prix soit plus démocratique et transparent, en y associant de façon structurelle des représentants des patients et des professionnels.

Côté brevets, ils demandent de ne plus accepter les extensions de durée des brevets que la rapidité du développement des nouvelles thérapeutiques ne justifie pas, et d’autoriser, comme cela existe déjà pour les traitements du sida et des infections opportunistes, l’utilisation de licences obligatoires pour les pays en développement, qui leur permettent la production et l’utilisation de génériques avant même que les brevets ne tombent dans le domaine public.