Continuer à soigner les patients hors Covid-19

Un patient sous dyalise et son infirmiere a l'hopital de jour du service Nephrologie Maladie du rein

Cabinets médicaux fermés, opérations déprogrammées… Avec la crise du coronavirus, de nombreux patients ne parviennent plus à se faire suivre pour des pathologies hors Covid-19, une situation qui inquiète le collectif France-Assos.

«Bonjour, je devais être opéré en ORL mais malgré mes appels tout est resté sans réponse, je traine un staphylocoque aureus qui m’encombre les sinus avec difficultés respiratoire. J’ai fait intervenir le médecin de garde qui a bâclé sa consultation en concluant que tout allait bien car je ne suis-pas exposé au coronavirus».

« J’ai fini ma journée avec l’appel d’une dame dont la sœur est seule, diagnostiquée d’un cancer au rectum à un stade avancé il y a 15 jours elle avait des rendez-vous – annulés – pour mettre en place une stratégie thérapeutique … Son oncologue et son hôpital ne répondent pas, une famille entière dans l’angoisse de «l’après» … » explique un médecin généraliste.

« J’ai fait un scan hier pour savoir si ma rémission de cancer se passe bien. Je n’ai toujours pas eu les résultats et ça m’angoisse. Personne ne me répond et à cause du corona tout est désorganisé. Comment je peux récupérer mes résultats ? ».

Les témoignages affluent aux sièges des associations de patients. Celles-ci s’en inquiètent. Le durcissement des dispositions de sortie relatives aux déplacements médicaux et restreintes aux soins urgents et aux ALD a eu un effet direct sur les consultations des patients. Ces derniers ne se déplacent plus, n’accueillent plus de professionnels à domicile ou retardent leurs soins du fait du virus. L’atmosphère liée à la contagion ne favorise pas non plus la sollicitation du corps médical : «les patients peuvent vouloir annuler leur recours aux soins par peur « de gêner l’urgence » ou tout simplement par crainte de contracter un virus dans les lieux de soins» déplore France-Assos. Les médecins se sont d’ailleurs inquiétés de cette désertification soudaine, possiblement créatrice de risques de perte de chances pour les usagers.

 « Mettre en pause les soins de santé primaire, c’est enclencher une bombe à retardement ! » s’inquiétait de Collège de médecine générale le 25 mars 2020

Autre inquiétude du côté du secteur médico-social : tous les soins annulés comme la kinésithérapie ou l’orthophonie, notamment pour les personnes âgées et handicapées peuvent avoir des conséquences lourdes. Leur report peut entrainer à terme une perte de chance et d’autonomie pour les personnes concernées. « le COVID-19 met en tension le système de santé mais la continuité des soins doit être assurée pour les maladies aigües, chroniques et pour les personnes âgées et en situation de handicap qui le nécessitent », insiste France-Assos Santé.

Pour les maladies chroniques et quand le diagnostic clinique le permet, un échange avec le médecin traitant ou des spécialistes pourrait servir à établir un calendrier des visites indispensables sur les 3 à 6 mois qui viennent : une partie des rendez-vous planifiés pourrait ainsi être remplacée par des téléconsultations (remboursées à 100% quel que soit le motif). Une partie des examens complémentaires (notamment chez les spécialistes) pourrait avoir lieu dans des cabinets qui ont organisé leur accueil de façon à éviter les risques de transmission ou à domicile. Les pharmaciens peuvent aussi proposer la livraison à domicile de produits de santé et de dispositifs médicaux. Les infirmiers qui disposent du matériel de protection peuvent accompagner les patients fragiles pour faire des télésoins et peuvent après, assurer un suivi, notamment par téléphone. Un arrêté du 31 mars permet aux infirmiers de poursuivre dans les conditions prévues par la prescription initiale les soins y compris si la durée de validité d’une ordonnance est expirée. Le ministère a donné la possibilité aux sages-femmes et aux orthophonistes de pratiquer les télésoins par vidéotransmission. Elle propose aussi de mettre en place une réserve sanitaire de ville pour ceux qui n’ont pas aujourd’hui de médecin, ni de suivi paramédical.

France-Assos s’inquiète également pour les personnes atteintes de troubles psychiatriques et suivies par les structures extrahospitalières.  En période de confinement, les risques de décompensation sont majorés.

Le risque est grand enfin qu’il y ait des « embouteillages » au moment du déconfinement pour faire réaliser tous les soins qui n’ont pas pu être effectués pendant la période d’extension de l’épidémie

Un certain nombre d’associations ont mis en place des plates-formes d’information et de soutien psychologique qui peuvent venir en appui de l’action des services hospitaliers (liste par pathologie disponible sur le site de France Assos Santé).