Centres d’hébergement et de réinsertion sociale souffrent des coupes budgétaires

Les Centres d'hébergement et de réinsertion sociale souffrent de coupes budgétaires
Les Centres d'hébergement et de réinsertion sociale souffrent de coupes budgétaires - crédit photo : 123 RF

Les CHRS qui offre une solution temporaire d’hébergement et un accompagnement social pour les personnes les plus précaires ont connu des coupes budgétaires en 2018. Et déjà, ces structures déplorent une dégradation de la qualité de l’accompagnement de leurs publics. 

En 2018, le gouvernement a défini de nouvelles règles pour calculer le coût de fonctionnement des places d’accueil financées par l’Etat des Centres d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS). L’instauration de ce nouveau tarif plafond s’inscrit dans un plan d’économies des CHRS prévu par le gouvernement à hauteur de 57 millions d’euros d’ici la fin du quinquennat. Rien qu’en 2018, ces économies ont atteint 19,7 millions d’euros dont 40% par le seul effet des tarifs plafond.

Au printemps, la Croix-Rouge française, la fédération des acteurs et la solidarité, le Fehap, Nexem et l’Uniopss ont réalisé une enquête auprès de 190 gestionnaires de CHRS pour connaître les conséquences de ces économies sur le budget, le fonctionnement et l’accompagnement des personnes en situation de précarité accueillies dans les CHRS. 

Dégradation de la qualité d’accueil

Premier constat : la quasi totalité des gestionnaires interrogés (94%) ont subi une baisse de leur dotation budgétaire en 2018. Par ailleurs, pour 41% des répondants, ces coupes budgétaires ont dégradé la qualité de l’accompagnement des personnes. Dans ces structures ont constate ainsi une baisse du nombre d’intervenants sociaux et le recours à des professionnels moins diplômés et moins expérimentés. Et aussi la diminution du temps consacré à une personne. 

Autre conséquence : la fermeture de certaines activités, d’ateliers d’aide à la réinsertion ou encore la réduction des moyens mis en place pour des actions de prévention et d’accès aux soins. « Nous allons devoir fermer la domiciliation et réduire encore les temps d’ouverture de l’accueil de jour », explique l’une des associations interrogées dans le cadre de l’enquête. « L’accompagnement juridique proposé aux femmes victimes de violence sera réduit de façon importante », dit une autre. 

Sélection des publics accueillis 

Ces coupes budgétaires font également craindre pour 16% des répondants une sélection des publics accueillis dans les CHRS. D’une part, le baisse du nombre d’intervenants sociaux et de leur qualification pourrait exclure les publics nécessitant un accompagnement complexe comme c’est le cas pour les jeunes de moins de 25 ans sans ressources, les personnes victimes de violence conjugal ou les personnes isolées souffrant de troubles du comportement. D’autre part, les CHRS pourraient être contraints de prioriser l’accueil d’un public disposant de ressources et pouvant financer leur participation à leur séjour au sein d’un CHRS. 

La Direction générale de la Cohésion Sociale a bien dégagé une enveloppe de 5 millions d’euros sur 2018 visant à neutraliser les effets des coupes budgétaires mais seuls 11% des CHRS interrogés ont pu bénéficier de cette mesure dite de « compensation » financière. 

Les associations et têtes de réseau envisagent de déposer un recours auprès du Conseil d’Etat en vue d’annuler l’arrêté qui instaure ces tarifs plafonds, comme elle l’avaient déjà fait en 2018, sans succès à ce moment-là.