Baisse de la natalité : explications et enjeux

Dans son bilan démographique pour l’année 2023, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) fait état d’une baisse de 6,6 % par rapport à 2022. ©123RF

Depuis les déclarations d’Emmanuel Macron sur la chute des naissances, le sujet de la fécondité est omniprésent dans les médias. Enquête sur ce phénomène démographique qui reste conditionné par les inégalités entre les hommes et les femmes.

Si, déjà, le terme de réarmement est assez ridicule, le reste des propos d’Emmanuel Macron sur la fertilité des Français s’avère complètement faux ! » Démographe et directeur de recherche à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), Hervé Le Bras est atterré. « Le chef de l’Etat n’a consulté aucun démographe avant de faire ces déclarations. Il est dramatique que le président n’utilise pas les compétences scientifiques de son pays avant de s’adresser à lui. »

Des mois après l’allocution d’Emmanuel Macron sur la natalité française, le sujet de la chute des naissances continue d’occuper le débat public. Dans son bilan démographique pour l’année 2023, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) fait en effet état d’une baisse de 6,6 % par rapport à 2022. « Le nombre d’enfants par femme était de 2 en 2012, pour arriver à 1,8 en 2022. Puis en 2023, il y a eu un brusque décrochage et les chiffres sont tombés à 1,69. Pour notre pays, il s’agit de l’une des valeurs les plus basses de l’histoire de la fécondité », confirme Hervé Le Bras.

Le choix de la contraception

Néanmoins, l’analyse faite par le chef de l’Etat à ce sujet l’irrite. « Le président a beaucoup insisté sur l’infertilité. Mais il a été démontré que si les femmes en âge de procréer ne pratiquaient aucune contraception, celles-ci auraient en moyenne un peu plus de cinq enfants. Le vrai facteur qui conditionne cette baisse, ce n’est pas la stérilité, mais l’emploi de la contraception. »

Quant aux allégations des médias attribuant cette baisse de la natalité aux inquiétudes environnementales de la jeunesse, Hervé Le Bras répond qu’il n’y a aucune trace de l’éco-anxiété dans toutes les données démographiques. « Ce n’est pas du tout impossible que de manière individuelle, il y ait des cas. Mais il n’y a pas vraiment d’incidence sur la construction de la famille. Car les décisions d’enfanter se prennent à très petite échelle, au sein du couple, de la famille, de l’environnement immédiat des personnes. »

Déséquilibre dans le couple

Pour le spécialiste, d’autres facteurs expliquent cette diminution du nombre de naissances. La France enregistre tout d’abord une baisse lente, mais continue de la natalité depuis les années 2010. « Il y a aussi l’équilibre à l’intérieur des couples. Cette question de l’égalité entre les hommes et les femmes est absolument centrale. » Hervé Le Bras ajoute que, pendant très longtemps, les femmes en âge de procréer étaient moins diplômées que les hommes.

« En mettant bout à bout les différents facteurs sociaux, fiscaux, qui peuvent peser sur elles, on arrive à un écart de richesse de 40 % entre les femmes et les hommes. »

Floriane Volt, directrice des affaires publiques et juridiques de la Fondation des Femmes

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