Une appli pour détecter les rechutes du cancer du poumon au plus tôt

Moovcare l'appli qui permet de diagnostiquer les rechutes de cancer de poumon
Moovcare, une appli pour détecter précocément les rechutes du cancer du poumon - crédit photo : 123 RF

L’application mobile Moovcare a été conçue pour détecter précocément les rechutes de cancer du poumon. Les résultats présentés au Congrès mondial de cancérologie de Chicago sont très encourageants. Ils attestent d’un gain de vie de 7 à 9 mois en moyenne.

Avec environ 31 000 décès par an, dont 67 % chez l’homme, le cancer du poumon en France se situe au 1er rang des décès par cancer chez l’homme et au 2e rang chez la femme. Les chiffres concernant la survie des personnes atteintes de ce cancer sont encore plus sombres :  ils ont 15%, tous stades confondus, à être en vie à 5 ans. 

L’application Moovcare, conçue par le Dr Fabrice Denis, cancérologue radiothérapeute à au Centre Jean-Bernard et à la clinique Victor Hugo au Mans, entend faire mentir ses statistiques. Du moins, améliorer la détection de rechute brutale de cancer du poumon. 

Gain de temps

L’appli qui a nécessité 6 ans de recherche et le test sur 300 malades dans le cadre de 4 études cliniques, fonctionne comme une surveillance en temps réel des patients. Ces derniers n’ont qu’à répondre toutes les semaines à un questionnaire à propos de 12 symptômes à décrire pouvant révéler une rechute : poids, appétit, fatigue, douleur, toux, fièvre, déprime, essoufflement, gonflement du visage, changement de voix, présence de sang dans les crachats, apparition d’un nodule sous la peau.  L’algorithme de l’appli va analyser toutes ces informations et déterminer le risque de rechute. Si un risque est détecté, l’outil numérique envoie un email d’alerte au médecin, qui va contacter alors son patient. 

En plus d’être facile à utiliser et peu intrusif, ce système fait gagner un temps précieux aux malades, alors que le protocole actuel prévoit un scanner de contrôle tous les trois mois. Le scanner peut arriver trop tard, tandis que l’appli permet d’intervenir dès les premiers symptômes et donc d’intervenir rapidement. Plus la prise en charge est précoce, plus les chances d’amélioration de l’état de santé est important.   

Entre 7 et 9 mois de gain de vie

Les résultats définitifs ont été présentés début juin au congrès mondial de cancérologie de Chicago. Ils montrent qu’avec l’application, 50 % des patients sont toujours en vie deux ans après la déclaration de la maladie, contre un tiers pour les personnes sans l’appli. Ce qui équivaut à un gain de vie de 7 à 9 mois en moyenne. 

Aujourd’hui, en France et aux États-Unis, l’application, développée par la société Sivan Innovation, est déployée dans près d’une trentaine de centres pilotes, hôpitaux et cliniques. Un dossier de remboursement a été déposé à la Haute Autorité de Santé (HAS). Si le niveau de preuves est suffisant, il pourrait arriver sur le marché en étant remboursé. 

SmokeCheck

Le médecin féru de nouvelles technologies compte également aller plus loin. Il travaille sur une application d’auto-questionnaire qui pourrait être utilisée par tous les patients atteints de cancer, pas seulement du poumon. Mais ce n’est pas tout. Avec son autre outil digital, SmockCheck, l’oncologue entend surveiller les éventuels symptômes chez les fumeurs. Il part du principe que si une appli peut détecter une rechute, elle pourrait tout aussi bien dépister un cancer précocement. L’objectif est de faire passer de 20 à 30% le nombre de cancers du poumon opérables détectés actuellement.