Maladie de Lyme : les recommandations de la Haute autorité de santé

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La Haute autorité de santé (Has) a fait, dans un rapport très attendu, des recommandations officielles pour la prise en charge de la maladie de Lyme qui toucherait de plus en plus de Français.

La Haute autorité de santé (Has) a fait ses recommandations [fn]Ces recommandations ont été élaborées durant 18 mois par un groupe de travail pluridisciplinaire (infectiologues, neurologues, immunologistes, médecins généralistes, dermatologues, rhumatologues) et incluant des associations de patients, ces recommandations. Elles ont pour vocation à être actualisées en fonction des avancées de la science. [/fn] de diagnostic et de prise en charge pour la maladie de Lyme et autres pathologies transmissibles par les tiques.

La maladie de Lyme

Certaines tiques infectées par le sang d’animaux contaminés peuvent transmettre des bactéries, parasites et virus à l’homme à l’occasion d’une piqûre, si elles restent attachées plusieurs heures. Dans la majorité des cas, c’est la bactérie Borrelia burgdorferi qui provoque la borréliose de Lyme. Il faut savoir que seulement 10 % des tiques sont infectées par la bactérie et que lorsque l’on est piqué, on a que 10 % de risque d’être malade.

Lorsque le système immunitaire ne s’en débarrasse pas de lui-même, la maladie se déclare et peut prendre différentes formes : une tache rouge indolore dans 95 % des cas, qui s’étend progressivement, 3 à 30 jours après la piqûre ou, plus grave, des dermatologiques articulaires, cardiaques, ophtalmologiques, neurologiques, qui apparaissent quelques semaines voire quelques mois après la piqûre. Comme pour les autres infections bactériennes, le traitement repose sur des antibiotiques. Mais il existe aussi des formes polymorphes diffuses et non expliquées, c’est là où le bât blesse.

Diagnostiquer la maladie de Lyme

Il est important, explique le protocole de la Has, de bien faire la différence entre les différentes pathologies en élaborant un diagnostic précis. « La borréliose de Lyme, infection la plus courante, se diagnostique par un examen clinique qui repose sur la recherche des signes distinctifs, interrogation du patient, et peut s’appuyer – pour les formes disséminées – sur une sérologie sanguine (test Elisa et si résultat positif ou douteux, Western Blot) ainsi que d’autres examens complémentaires », explique la Has. Mais ces tests ont été très critiqués sur leur fiabilité et sont actuellement en cours d’évaluation par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm).

Les cas cliniques plus complexes

Le diagnostic devient plus difficile quand certains patients, ayant été exposés aux tiques, présentent des signes cliniques polymorphes (douleurs musculaires, maux de tête, fatigue, troubles cognitifs) persistants, généralement diffus, non expliqués, pouvant être invalidants. En l’état actuel des connaissances, confie la Has, « nous ne savons pas si ces signes sont dus à l’existence d’une borréliose de Lyme persistante (après traitement ou non) ou à d’autres agents pathogènes qui seraient transmis par les tiques. Il peut aussi s’agir d’autres maladies ou syndromes ».

Or, aujourd’hui, beaucoup de ces personnes se retrouvent en errance diagnostique, sans prise en charge appropriée, et ont parfois recours à des tests et des traitements inadaptés, non validés et potentiellement à risque d’effets secondaires. Même si les incertitudes scientifiques sont réelles, tous les patients doivent être pris en charge et entendus dans leur souffrance. Dans ce cas, la Has propose un plan précis de prise en charge qu’elle regroupe sous le terme de « Symptomatologie/syndrome persistante polymorphe après possible piqûre de tique » ou « Sppt ».

Avec la reconnaissance de cette symptomatologie/syndrome, le protocole propose de traiter le malade avec une cure d’antibiotiques de 28 jours, si l’examen clinique permet d’écarter les autres maladies et si le résultat des tests est négatif.

Des centres de diagnostic

Le nouveau protocole de la Haute autorité de santé prévoit aussi la création de cinq centres spécialisés hospitaliers régionaux pour la prise en charge des patients Sppt. Ils devront proposer une prise en charge multidisciplinaire et
pluriprofessionnelle adaptée aux symptômes de chaque personne et documentée afin de faire avancer les connaissances.

Les médecins confrontés en première ligne aux malades, notamment les généralistes, pourront s’appuyer sur ces centres pour le diagnostic des cas les plus complexes.

L’arrivée des centres spécialisés est prévue pour janvier 2019. Ils serviront aussi à la collecte de données sur la maladie de Lyme.

Reste à éclaircir l’épineux problème de la durée du traitement antibiotique qui semble faire polémique auprès des experts, et qui continuera si aucune recherche n’est menée sur le sujet.