Le Conseil d’Etat préconise que les professions médicales (kiné, infirmières, médecins…) puissent faire de la publicité sur leur pratique.
Les médecins pourront-ils bientôt faire de la publicité sur leur pratique ? Oui, si l’on en juge par un rapport du Conseil d’Etat qui préconise de lever l’interdiction de la démarche commerciale pour les professions médicales. Ils proposent que les professions de santé dotées d’un ordre : médecins, chirurgiens-dentistes, infirmiers, sages-femmes, pédicures-podologues, masseurs-kinésithérapeutes, pharmaciens puissent faire de la publicité. Mine de rien, ce serait une petite révolution dans le milieu.
Le monde change
Vieille de plus de 70 ans, l’interdiction de faire de la réclame pour les médecins est en passe de tomber aux oubliettes. C’est en tout cas ce que souhaite le Conseil d’Etat qui a planché sur un rapport, à la demande du Premier ministre, Edouard Philippe. Plusieurs points ont fait pencher la balance dans ce sens. D’abord, parce que certains pays européens comme l’Espagne autorisent déjà la publicité pour les médecins et la Cour de Justice a jugé récemment que l’interdiction totale française était contraire au droit.
D’autre part, les conseillers sont conscient que le monde bouge. Les citoyens sont confrontés à l’omniprésence des réseaux sociaux et d’Internet qui diffusent déjà largement de la communication en santé. De plus, les professionnels de santé qui exercent dans des zones frontalières subissent depuis longtemps la concurrence de leurs confrères pour qui la publicité est autorisée.
Des négociations en vue
Pour éviter une marchandisation de la santé, ce passage à la publicité autorisée, s’il voyait le jour, devra être encadré. Le Conseil d’Etat propose de mentionner l’interdiction « d’exercer la profession comme un commerce ». Les tarfis, modes de paiement… devront être clairement mentionnés sur tous les supports de communication, en plus d’être affichés dans la salle d’attente comme c’est l’obligation aujourd’hui.
Pour l’instant, cette idée n’est pas du goût de tous les syndicats qui craignent une dérive commerciale de leur profession, s’appuyant sur des exemples comme les cliniques de chirurgie esthétiques. Des discussions avec les différents corps de métier seront nécessaires avant qu’une décision ne soient arrêtée.
De leurs côtés, les praticiens libéraux, comme les kinés, qui se sont toujours étonnés de ne pas bénéficier de la même liberté de communication que les ostéopathes, psychologues… sont plutôt favorables à cette ouverture de la publicité.