La ministre de la Santé a présenté sa feuille de route pour la psychiatrie. Elle veut miser sur la prévention dès le plus jeune âge et « déstigmatiser la maladie psychique ».
Agnès Buzyn, ministre de la Santé a présenté son plan « santé mentale et psychiatrie », jeudi 28 juin, comportant en tout trente sept mesures, dont la prévention, et milite pour que la société change son regard sur la maladie mentale.
Prévenir la maladie mentale
Repérer en amont la maladie mentale dès le plus jeune âge est l’axe numéro un du plan : 80% des troubles se déclarant entre 15 et 20 ans, une attention toute particulière sera donc portée sur le bien être mental des jeunes pour préserver leur santé mentale et augmenter leurs chances de rétablissement en cas de troubles : « le lancement de l’expérimentation Ecout’Emoi sur trois régions permettra ainsi d’adresser des jeunes de 11 à 25 ans vers des consultations de psychologues prises en charge par l’assurance maladie, après une évaluation par les médecins généralistes », explique la ministre.
Parallèlement, un plan contre le risque suicidaire sera déployé sur tout le territoire, sous le pilotage des Agences Régionales de Santé (Ars). Un des axes de ce plan est de former les étudiants aux premières secours « pour permettre de mieux repérer les troubles à l’âge critique de jeune adulte, écouter sans juger, rassurer, orienter une personne en difficulté ».
Une idée qui a dété développée en Australie dans les années 2000. La France affiche un des taux de suicide les plus élevés en Europe, derrière les pays de l’Est, la Finlande et la Belgique.
Les malades psychiatriques plus précaires
Les 2,4 millions de personnes vivant avec un pathologie psychiatrique sont aussi plus précaires que les autres, d’après les chiffres du ministère. Ils sont plus exposés aux addictions, sont plus sédentaires et tombent plus souvent malades. La ministre note également une surmortalité dans cette population. Agnès Buzyn inscrit donc dans sa feuille de route une plus grande surveillance de ces malades d’un point de vue clinique et insiste pour que chacun ait son médecin traitant. Elle explique dans le « Quotidien du médecin » qu’elle créera en 2018-2019, dix centres de prise en charge du psychotraumatisme pour les femmes et les enfants. « Cela permettra d’avoir de bonnes pratiques partagées et des suivis renforcés. Les médecins pourront leur adresser des patients, mais aussi obtenir des conseils. Ces centres pourront aussi prendre en charge des migrants victimes d’un psycho-traumatisme au cours de leur parcours ».
Les chiffres de la psychiatrie
En France, 2,4 millions de personnes prises en charge dans les 569 établissement de santé en 2015. On estime que 15 % des 10-20 ans (1,5 million) ont besoin de suivi ou de soin. 7,5 % des Français âgés de 15 à 85 ans ont souffert de dépression au cours des 12 derniers mois.
Suicide : 8948 décès ont été enregistrés en 2015 en France Métropolitaine (soit 25 par jour contre 9 pour les accidents de la route). La France métropolitaine se situe parmi les pays de l’Union Européenne ayant un taux élevé de suicides (par ordre croissant du taux de suicide : 17ème sur 28 en 2014). On compte environ 200 000 passages aux urgences pour tentative de suicide par an.
Coût financier : les troubles mentaux (maladies psychiatriques ou consommations de psychotropes) représentent le premier poste de dépenses du régime général de l’assurance maladie par pathologie, avant les cancers et maladies cardio-vasculaires, soit 19,3 milliards d’euros. Le coût économique et social des troubles mentaux est évalué à 109 milliards d’euros par an, dont : 65 milliards pour la perte de qualité de vie, 24,4 milliards pour la perte de productivité liée au handicap et aux suicides, 13,4 milliards dans le secteur médical, 6,6 milliards pour le secteur médico-social.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms), 1 Européen sur 4 est touché par des troubles psychiques au cours de sa vie.