Otites à répétition, maladies respiratoires, allergies… Vivre dans un logement insalubre a des conséquences désastreuses sur la santé, d’après le rapport de la Fondation Abbé-Pierre.
Le 21e rapport de la Fondation Abbé-Pierre, rendu public jeudi 27 janvier, est sans appel : le mal-logement a des répercussions désastreuses sur la santé.
Logement : des indicateurs au rouge
3,8 millions de personnes sont mal-logées et 12,1 millions de personnes « fragilisées », soit « 15 millions de personnes touchées, avec une intensité diverse, par la crise du logement », a souligné Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre, lors de la présentation du rapport annuel publié jeudi 28 janvier.
Le nombre de sans-abri a bondi de 50 % entre 2001 et 2012 : 141 500 personnes se retrouvent à la rue, à l’hôtel, sous un abri de fortune ou en centre d’hébergement. 934 000 personnes vivent en « surpeuplement accentué », à savoir qu’il leur manque deux pièces par rapport à la norme de peuplement (+ 17 % entre 2006 et 2013).
En outre, près de 2,9 millions de personnes vivent dans des conditions très difficiles, dont 2,1 millions ne possèdent pas d’eau courante, de WC intérieurs, de douche, de moyen de chauffage ou de coin cuisine, ou vivent dans un immeuble à la façade très dégradée.
Pour Christophe Robert, délégué général de la fondation, « il y a une aggravation du mal-logement qui touche avant tout les classes populaires ».
Asthme, mal de gorge et saturnisme…
Le mauvais état du logement a des impacts sur la santé. Les enfants risquent de développer des otites à répétition, des maux de gorge, de l’asthme ou de souffrir de saturnisme. Etre mal logé entraîne aussi des problèmes psychiques. C’est ce qu’explique la Fondation Abbé-Pierre, qui pointe le risque de voir les mal-logés s’éloigner petit à petit du monde extérieur.
« Le logement n’est pas qu’un problème de logement. Cela a des impacts sur la santé, sur l’emploi, sur la vie sociale. Quand vous vivez dans une cave, vous refusez les invitations que les enfants ont à l’école parce que vous ne pourrez pas les rendre, ces invitations. »
Des avancées mais…
La Fondation se félicite de « certaines avancées », comme le chèque énergie qui doit remplacer en 2018 les tarifs sociaux de l’électricité et du gaz pour les ménages modestes. Elle constate que certains engagements politiques « ont été tout simplement reniés ». Ainsi de la garantie universelle des loyers, une des mesures phares de la loi Alur votée en 2014, puis abandonnée car jugée trop coûteuse.
Et la construction de nouveaux logements ? Les objectifs « sont bien loin d’être atteints », souligne le rapport. La Fondation Abbé-Pierre appelle une nouvelle fois les pouvoirs publics à agir, en particulier en construisant des logements, et surtout des logements sociaux accessibles aux ménages les plus modestes. Elle demande aussi que les pouvoirs publics logent les ménages reconnus prioritaires Dalo (droit au logement opposable), mènent une politique de prévention des expulsions locatives et des évacuations de terrain et régulent les marchés de l’immobilier.