Face au vieillissement, quels engagements ?

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Grâce aux progrès de la médecine, on vit de plus en plus vieux… Mais pas toujours en bonne santé. Les structures de soins et d’accueil de ces papy-boomers ne suivent pas forcément. Les personnels sont débordés, les familles souffrent. Les plans dépendance sont sans cesse repoussés. Il est temps de prendre le problème à bras-le-corps.

Selon un rapport du Haut Conseil du financement de la protection sociale, la France comptera entre 1,7 et 2,2 millions de personnes âgées dépendantes en 2040, soit deux fois plus qu’aujourd’hui. Le défi est immense, aussi bien en matière de santé (explosion du nombre de malades chroniques) que d’infrastructures et de services (création de nouveaux Ehpad, domotique, accompagnement à domicile…).

Or, les gouvernements successifs ne semblent pas avoir pris la réelle mesure du problème. Et si l’allocation personnalisée d’autonomie (Apa) – 5 milliards d’euros de prestations versées chaque année – permet une prise en charge partielle des frais engagés en Ehpad ou à domicile, elle est loin de résoudre les difficultés auxquelles sont confrontées les familles. En mars dernier et pour la première fois, aides-soignants, infirmiers, encadrants d’Ehpad manifestaient dans toute la France pour dénoncer des conditions de travail de plus en plus intenables et pour témoigner de la façon indécente dont vivent parfois les personnes âgées dans ces établissements.

Quant à celles qui restent à domicile, la société ne prévoit pas grand-chose pour elles. En tout cas, on est loin d’un service public du grand âge qui permettrait la mise en oeuvre d’une politique universelle et cohérente pour tous nos aînés, et pour chacun d’entre nous demain. On laisse les familles se débrouiller comme elles peuvent, faisant peser sur les aidants le poids de la prise en charge.

Le 13 juin dernier, Emmanuel Macron choisissait le Congrès de la Mutualité française à Montpellier pour annoncer une loi sur le financement de la dépendance avant la fin de 2019. Ce n’est pas un hasard. La Mutualité propose déjà de nombreux services et structures pour le grand âge. Mais elle devra sans doute jouer un rôle plus important encore dans les prochaines années. « Nous devons avoir un débat national, indispensable pour répondre au nouveau risque de la dépendance, cette nouvelle vulnérabilité sociale » du grand âge.
Le chef de l’État dénonçait un « échec collectif » sur cette question. Alors chiche ! Cette loi, qu’il appelle de ses voeux, sera-t-elle à la hauteur des enjeux démographiques ? En tout cas, c’est un choix politique majeur et clair qui devra être fait. Celui d’une société du chacun pour soi dans laquelle seuls ceux qui en ont les moyens pourront trouver des réponses à leurs besoins ou celui d’une solidarité nationale, collective, organisée, permettant à tous de vieillir dignement.

Ehpad éreintés

On le sait, un jour arrive où l’on ne peut plus rester chez soi… La maison de retraite ou l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) devient l’inévitable dernière étape. Est-ce à dire qu’on doit y être maltraité ? Si parfois des expériences y sont menées pour que la vie des pensionnaires reste riche, ce n’est malheureusement pas toujours le cas.

« Sept minutes, c’est le temps que j’ai pour faire la toilette d’un résidant… », dénonce une aide-soignante en Ehpad, à l’issue d’un tour de France des hôpitaux organisé en juin dernier par des parlementaires de la gauche républicaine.

« Davantage de moyens humains pour plus de dignité », c’est avec ce slogan que, début 2018, médecins, infirmiers, aides-soignants et familles descendaient par milliers dans la rue pour dénoncer une situation intolérable.
Tous ont raconté les journées à rallonge, le quotidien épuisant et l’indignation face aux conditions de vie des résidants : dîners expédiés à 18 h 30, confinement dans les chambres, voire dans les lits, absence d’infirmières de nuit…

Prendre en charge les aînés
Les personnels réclament un ratio de 1 soignant pour 1 résidant – il est de 0,6 pour 1 aujourd’hui. Ils réclament également un financement pérenne et solidaire de l’aide face à la perte d’autonomie, des revalorisations de salaires, l’amélioration des perspectives de carrière et l’arrêt des suppressions de postes. Car c’est la question du recrutement qui est posée. Exténuants, mal payés, peu valorisés, ces métiers ne suscitent guère de vocations. Or, la demande en personnel va exploser dans les prochaines années. « C’est aussi le secteur professionnel où il y a le plus d’accidents du travail et d’absentéisme pour maladies », déplore Pascal Champvert, président de l’Association des directeurs au service des personnes âgées. Cet infatigable militant de la cause du grand âge insiste :
« La situation est dramatique. Quand le ministère des Finances comprendra-t-il enfin qu’investir dans la prise en charge de nos aînés n’est pas un coût, mais une nécessité en termes économiques et éthiques ? »

Une réponse mutualiste

Le mouvement mutualiste gère aujourd’hui, répartis dans tout le pays, 522 établissements et services médico-sociaux à but non lucratif pour les personnes âgées : hébergement (personnes dépendantes, logements-foyers, petites unités de jour, etc.), services de soins infirmiers à domicile, prestataires d’aide
à domicile (ménage, repassage, bricolage, jardinage, accompagnement…), services de téléassistance, ateliers mémoire…

Retrouvez toutes ces réalisations sur le site
www.generationsmutualistes.fr

 

A savoir :
– 1 949 € par mois, c’est le prix moyen d’un Ehpad en France. Le montant moyen
des retraites est de 1 365 €.
– 8,3 millions d’aidants en France. 53 % sont des femmes, 57 % des conjoints,
17 % des membres de la famille.