« C’est dans l’ADN de la mutualité de proposer des innovations en matière de santé », Marion Lelouvier, présidente de la Fondation de l’Avenir

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Décerné par la Fondation de l’Avenir et la Mutualité Française, le « Prix Avenir Recherche Innovation » vient saluer une initiative médicale menée dans un établissement de santé mutualiste. Fin juin, 22 expérimentations à travers toute la France étaient ainsi récompensées. La présidente de la Fondation, Marion Lelouvier, nous explique l’objectif de cette opération pour l’avenir de notre système de santé. Et revient également sur le dynamisme du secteur privé non lucratif dans la recherche médicale en France. 

La Fondation de l’Avenir vient de remettre ses « Prix Avenir Recherche Innovation ». Pourquoi avoir ciblé les établissements mutualistes ?

Marion Lelouvier : Cette deuxième édition a en effet récompensé 22 établissements mutualistes à travers toute la France pour leur démarche de recherche et d’innovation. La Fondation est née du mouvement mutualiste et conserve ces liens naturels. Au cœur de la crise sanitaire et sociale, nous voulions distinguer les établissements issus de la mutualité, qui apportent de vraies propositions et des solutions novatrices en matière de santé. Même si la plupart des travaux de recherche sont initiés par le service public, il y a également une grande émulation au sein des organismes privés non lucratifs

Comment expliquez-vous ce dynamisme ?

M. L. : Les établissements de santé mutualistes existent depuis 150 ans. Plusieurs dispositifs primés sont d’ailleurs déployés dans des sites historiques de la mutualité. Comme la clinique de Saint-Etienne, créée dans les années 1930. Ou le Centre de la Gabrielle, établissement précurseur pour le handicap mental depuis 50 ans. Depuis leur origine, les établissements mutualistes développent des initiatives privées pour « compléter le pouvoir républicain », selon la formule historique. C’est dans l’ADN de la mutualité de répondre aux besoins sociaux de chaque territoire. Et de proposer des innovations en matière de santé sur des réalisations lourdes ou plus proches des utilisateurs. La réussite de ces propositions tient, et continue de tenir, sur les différents réseaux établis par la mutualité. Sur les liens noués avec les organisations syndicales, ouvrières, mais également les collectivités territoriales et les associations ou encore les mondes académique et industriel. Ces attaches transparaissent dans les initiatives qui nous avons primées, souvent coconstruites avec d’autres acteurs, comme des associations locales ou des entreprises…

Quels types d’initiatives avez-vous récompensées ?

M. L. : Avec la Mutualité française, avec qui nous avons lancé ce prix il y a 5 ans, nous avons notamment voulu mettre à l’honneur les idées neuves qui apportent de nouvelles réponses dans le domaine médical, chirurgical et médico-social. Le deuxième axe était aussi de distinguer les dispositifs vertueux qui mériteraient une plus large diffusion. Nous avons ainsi récompensé une action visant à soulager les aidants, dans la région Centre Val de Loire, à Chambray les Tours. Il s’agit d’ateliers autour du Qi Gong, du Tai Chi Chuan et du ping-pong créés spécifiquement pour des patients présentant une maladie neuro-évolutive. Les proches des malades vont découvrir ces pratiques aux côtés des malades, avant d’apprendre à les développer ensemble. Il nous semble en effet impératif de pouvoir encourager et multiplier ce type d’initiatives autour des aidants.

Plusieurs actions primées s’adressent également aux professionnels de santé.

M. L. : Notre mission est aussi d’accompagner les personnels médicaux et paramédicaux. Il y a actuellement de vrais défis en termes de recrutement et de fidélisation des professionnels de santé. Il est essentiel d’apporter plus de reconnaissance au travail de ces femmes et des hommes qui sont prêts à investir leur vie et leur carrière pour les personnes malades. Nous avons tous un rôle à jouer pour améliorer leurs conditions de travail et faciliter leur quotidien. Nous avons ainsi distingué des actions issues de propositions des professionnels de santé, et qui leur sont aussi destinées, dans les établissements hospitaliers, pour personnes âgées ou en situation de handicap. Et lors de la remise des prix, nous avons également constaté la fierté des équipes récompensées. Cette opération a permis de médiatiser leur travail, et de lui apporter une reconnaissance à l’échelle nationale.

Trophées 2020 – illustration de la remise du Prix Matmut de l’innovation médicale au Professeur Jean-Paul Marie, chef de service ORL du CHU de Rouen (à droite de la Photo), et de gauche à droite, Nicolas Gomart, directeur général de la Matmut, Christophe Bourret, Président de la Matmut, Carine Rocchesani, journaliste – crédit photo Sarah Vervish

Quel est l’objectif de ce prix ?

M. L. : Notre fondation a un objectif exploratoire. Celui de financer de nouvelles approches encore méconnues et de leur donner la chance d’être expérimentées. Afin de mieux accompagner les personnes malades et leur entourage. Puis de les rendre ensuite accessibles au plus grand nombre. Et ces prix offrent la possibilité de mettre en lumière les initiatives qui nous semblent intéressantes. Pour encourager leur visibilité et leur notoriété. Afin qu’elles puissent être, à terme, pleinement intégrées à notre système de protection sociale. 

Par quels biais ces expérimentations sont-elles ensuite développées ?

M. L. : Cette opération permet de communiquer aux pouvoirs publics la liste des établissements primés. Ce qui facilite ensuite les échanges directs avec les collectivités locales ou les agences régionales de santé… Autant d’institutions qui peuvent ensuite participer au développement de ces expérimentations. 

Une fondation dédiée à l’amélioration des soins et de l’accompagnement de tous les malades

La Fondation de l’Avenir a été créée il y a 35 ans, en 1987, par la Mutualité Fonction Publique (MFP), qui figure au sein de la Mutualité Française. Son objectif est de soutenir la recherche et l’innovation en santé, au bénéfice de tous. « Afin d’améliorer les soins et l’accompagnement des personnes malades et de leur entourage, ainsi que des personnels médicaux et paramédicaux. Et d’agir également en prévention de certaines pathologies », rappelle Marion Lelouvier, présidente du directoire de la Fondation de l’Avenir. Plus de 50 000 donateurs contribuent aujourd’hui à pérenniser son action.