Le Projet Imagine, une Ong pour un autre monde

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Frédérique Bedos, journaliste, a créé le Projet Imagine, une Ong pas comme les autres qui veut nous inciter à nous mettre en mouvement.

Frédérique Bedos est vraiment un personnage hors du commun. Journaliste et présentatrice TV durant quinze ans, ayant animé de nombreux rendez-vous prestigieux en prime time, la jeune femme décide, en 2010, de tourner la page et de se lancer dans une aventure formidable en fondant l’Ong d’information le Projet Imagine. Son but : inspirer pour agir. 

« Je travaillais dans un monde et un système, celui des médias, qui diffuse de la peur et de la violence à grande échelle. Or la peur est la pire des conseillères. Elle conduit à la désespérance, au repli, à la recherche de boucs émissaires. En son nom, on érige des murs, quand je souhaitais créer des ponts. » Avec le Projet Imagine, Frédérique Bedos décide de prendre le contre-pied de cette information de catastrophe en proposant un journalisme de solutions : « Trop d’informations anxiogènes découragent. Les gens, et même les plus motivés, baissent les bras car ils ont l’impression d’être seuls. L’idée de notre Ong est d’utiliser la puissance de frappe des médias en donnant aux gens non seulement de l’espérance mais aussi l’envie d’agir. Nous voulons redonner de la force,  de la joie, de la mobilisation. »

Des héros fantastiques 

Partout dans le monde, le Projet Imagine « traque » ceux qui tentent de transformer le monde au niveau social, ou écologique (Martin Maindiaux, par exemple qui vit depuis plus de vingt ans au Cambodge où il a sauvé de la grande misère des milliers d’enfants, au sein de son association Enfants du Mékong, ou Pierre Gay, qui consacre sa vie à la préservation des espèces animales en voie de disparition… Ils deviennent alors les héros d’un film. « Ce sont des personnages fantastiques que bien souvent on nous “dénonce” sur notre site Web », sourit la journaliste… 

Avec ses films, le Projet Imagine  veut créer de l’émotion « et ce qui émeut, meut, remet en mouvement. Nous voulons jouer le rôle de brise-glace. La société est très dure aujourd’hui. Les gens sont anxieux, angoissés, se blindent. Nous voulons sensibilser les gens afin de leur donner envie de bouger. Chaque citoyen à son niveau peut faire quelque chose ».

En ce qui concerne la solidarité, Frédérique Bedos a été à bonne école. Sa première source d’inspiration : ses parents adoptifs du nord de la France qui l’ont accueillie. 

Née d’un père réfugié haïtien qu’elle n’a pas connu, Frédérique Bedos a été élevée par une mère aimante mais que sa fragilité psychique a peu à peu entraînée dans une vie chaotique. Bonne élève à l’école, la fillette grandit au rythme des crises de sa mère, régulièrement internée en hôpital, endure le frigo vide, les déménagements à répétition, les semaines dans une caravane glaciale, les explosions de colère des hommes de passage… Jusqu’à ce qu’elle soit confiée à l’âge de onze ans à Michel et Marité, une famille d’accueil atypique à Croix, dans le Nord, avec une vingtaine d’enfants « inadoptables » du monde entier. Parmi eux, Cathy, petite fille sauvage et agressive car née sourde et maltraitée dans sa famille d’origine, Gaston, enfant camerounais aveugle et défiguré dans un incendie et enfin Pierre-Vincent, né sans bras ni jambes, qui deviendra champion de France de tir à la carabine.

Un vrai mouvement citoyen

Au-delà des films, un vrai mouvement d’engagement citoyen est en train d’émerger. Des programmes d’accompagnement vers l’action se déploient peu à peu dans les établissements scolaires, les villes, les entreprises, les prisons et les structures de réinsertion.

Le Projet Imagine est aujourd’hui une Ong dotée du statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations unies.

Frédérique raconte sa vie dans son livre-témoignage la Petite Fille à la balançoire (ed. Les Arènes 2013 rééd. « J’ai Lu » 2015). 

La plupart des films Imagine sont en libre accès gratuitement sur le site internet de l’Onr. Les plus récents sont en location en vidéo à la demande.