Dossier médical partagé : un nouveau départ

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Le dossier médical partagé est un carnet de santé numérique qui conserve, centralise et sécurise toutes les informations de santé des patients. Gratuit et confidentiel, il permet aux patients de partager ces informations avec les professionnels de santé de leur choix, qui peuvent ainsi les soigner plus efficacement.

« Le Dmp a été annoncé maintes fois et il a été repoussé maintes fois. Il faut aujourd’hui qu’il devienne une évidence comme la carte Vitale. » C’est par ces mots que la ministre de la Santé Agnès Buzyn a officiellement lancé aujourd’hui le dossier médical partagé (Dmp). « Le Dmp, a-t-elle ajouté, n’est pas un gadget mais un outil de responsabilisation des patients, qui ne seront plus passifs mais acteurs de leur parcours de soins. »  Après une première étape d’expérimentation menée pendant dix-huit mois dans neuf départements, chacun peut désormais ouvrir son Dmp.

Gratuit et confidentiel, ce carnet de santé numérique permet d’accéder à ses informations médicales et de les partager avec les professionnels de santé de son choix. Qu’ils soient en ville ou à l’hôpital, ceux-ci peuvent l’alimenter via leur logiciel métier ou depuis le site dmp.fr, favorisant ainsi une meilleure coordination et continuité des parcours de soins. Dès le 9 novembre, une vaste campagne d’information va soutenir, auprès des patients et des professionnels de santé, le déploiement de ce nouveau service. 

Depuis 2004, les tentatives de développer le Dmp ont toujours échoué. Et en 14 ans, seulement 500 000 ont été créés et la moitié sont vides. Le Dmp 2018 connaîtra t-il un meilleur succès ? Nicolas Revel, directeur de l’assurance-maladie, se veut aujourd’hui confiant : « Si, par le passé, un faible nombre de dossiers ont été ouverts, c’est parce qu’il fallait un médecin pour faire cette démarche. Le temps médical étant réduit, cela n’était pas fait. Aujourd’hui, un grand nombre de créations vont pouvoir se faire directement en ligne par les patients. » « C’est un grand jour » pour Alain-Michel Ceretti, président de France Assos Santé – qui regroupe 80 associations de patients et d’usagers. Il se félicite que le mouvement s’accélère. Selon une enquête menée par son association et dévoilée ce jour, 70 % des Français sont spontanément intéressés par la possibilité de disposer d’un outil de centralisation en ligne de leurs données de santé ; et ce taux atteint 85 %, après présentation des principales fonctionnalités du Dmp. Bien sûr, tout dépendra désormais de la volonté des professionnels de santé de le faire vivre et de la facilité d’utilisation de cet outil, lequel, s’il s’avérait trop contraignant, risquerait de tomber, une fois de plus, dans les oubliettes.

Comment le créer ? 

Vous pouvez l’ouvrir seul sur dmp.fr ou avec l’aide d’un professionnel de santé, médecin généraliste, dans les accueils des Cpam ou dans les pharmacies. Plus de 300 000 Dmp ont déjà été ouverts au cours des quatre derniers mois dans près de 8 000 officines.

On y trouve quoi ? 

Le Dmp a vocation à centraliser toutes les informations concernant le suivi médical et les soins reçus par un patient, aujourd’hui  détenues par l’assurance-maladie et les différents professionnels et établissements de santé qui l’ont pris en charge.

Outre les informations apportées par les professionnels de santé consultés (synthèses médicales, comptes-rendus d’hospitalisation, résultats d’analyses ou d’examens, bilans divers, vaccinations), le Dmp est automatiquement alimenté par l’assurance-maladie à partir de l’historique des soins et des traitements remboursés durant les 24 derniers mois. Le patient, quant à lui, peut ajouter en quelques clics, depuis l’appli dédiée Dmp ou le site dmp.fr, des renseignements utiles à son suivi médical (groupe sanguin, allergies, par exemple ou scanner des bilans sanguins). Le Dmp facilite ainsi une prise en charge médicale de meilleure qualité en limitant le risque d’interactions médicamenteuses, les allergies ou les incompatibilités de traitements. Il permet aussi d’éviter les examens et les prescriptions redondants. 

A partir du printemps 2019, un espace réservé aux directives anticipées afin d’y mentionner ses souhaits concernant la fin de vie sera ajouté au dispositif. 

Les données sont-elles sécurisées ? 

Tout d’abord, le Dmp ne peut être créé qu’avec le consentement exprès du patient. Ensuite, le patient garde le contrôle de ses données de santé puisqu’il choisit les professionnels de santé qui auront le droit d’y accéder. Il peut s’opposer à ce qu’une information soit versée par un professionnel de santé dans son Dmp ou encore masquer une information médicale à tout moment, sauf pour le médecin traitant qui doit pouvoir assurer un suivi médical complet de ses patients.

La connexion au Dmp est sécurisée : les professionnels de santé ne peuvent y accéder qu’en étant munis de leur carte professionnelle. Quant au patient, il reçoit un code à usage unique par Sms pour s’y connecter. Enfin, les Dmp sont conservés par un hébergeur de données de santé ayant reçu un agrément du ministère en charge de la Santé. Les données qui y sont stockées sont cryptées, à partir d’une clé propre à chaque assuré. Ces données ne peuvent être diffusées ou exploitées à des fins commerciales, d’études ou autre.