Près de 30 % des Français considèrent que la santé est un domaine menacé par les dérives sectaires. Un sujet que la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) prend très au sérieux.
Les dérives sectaires constituent un vrai risque dans le domaine de la santé, amplifié depuis la crise du Covid. C’est la conclusion d’une enquête de l’Union nationale de défense des familles et de l’individu et l’institut de sondage Odoxa.
De plus en plus de signalements
Près de 30 % des Français considèrent que la santé est un domaine menacé par les dérives sectaires. Un chiffre considéré comme préoccupant par la Miviludes. Le domaine de la santé concerne près de 38 % des signalements reçus entre 2019 et 2020.
Crise du Covid, souffrance…
Pourquoi le domaine de la santé est-il concerné par les dérives sectaires ? « La souffrance ou l’inquiétude liées à une maladie et la confiance accordée au “soignant”, fragilisent le patient. Cela l’expose au risque qu’un pseudo-thérapeute en profite pour exercer une emprise sur lui », alerte Bruno Falissard, psychiatre et directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations à Villejuif.
Or sous emprise, « le patient peut non seulement se voir soutirer une somme importante, subir des violences sexuelles, et rompre les liens avec ses proches. Mais aussi, perdre des chances de guérison en renonçant à des soins éprouvés, et mettre en danger la collectivité en cas de refus, par exemple, de la vaccination, si le discours sectaire est anti-vaccins… », développe le psychiatre.
Cet engouement pour les médecines alternatives n’est pas nouveau. Il existe depuis les années 1970. Mais on observe un accroissement depuis la crise sanitaire.
Tout le monde peut être influencé
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les personnes fragiles (déprimées, gravement malades, fragilisées par un deuil…), ne sont pas les seules à se faire manipuler. « Il n’y a vraiment pas de profil type », confirme Samir Khalfaoui, conseiller santé à la Miviludes. Tout le monde est susceptible d’être influencé, à un moment ou à un autre de sa vie.
« De plus, la majorité des victimes éprouvent un sentiment de honte qui les dissuade de faire un signalement ou de raconter leur expérience », explique Samir Khalfaoui.
Quels domaines de la santé sont concernés ?
Le risque est majeur dans le domaine des médecines alternatives (acupuncture, hypnose, ostéopathie, sophrologie…) car ces domaines ne sont pas règlementés. Mais il peut concerner tous types de soins. Y compris ceux dispensés par des praticiens formés à la médecine académique, confirment les études.
Prendre le sujet au sérieux
D’autres études plus poussées devront être mises en place pour évaluer rigoureusement ce phénomène.
Grégory Ninot, co-directeur de l’Institut Desbrest d’épidémiologie et de santé publique à Montpellier a lancé, en octobre 2021, la Société savante des interventions non médicamenteuses.
Dans un communiqué, l’Inserm nous apprend qu’elle « est chargée de faciliter leur intégration dans le système de santé quand elles s’avèrent efficaces, et de les distinguer des pratiques alternatives à risque sectaire – comme l’iridologie, qui vise à évaluer l’état de santé d’une personne par l’examen de son iris, ou la sylvothérapie, qui propose de se soigner au contact des arbres ».
A consulter : guide Santé et dérives sectaires publié par la Miviludes.
Les rapports de l’Inserm sur les médecines alternatives. Souvent, ces documents concluent à un faible niveau de preuves d’efficacité selon les critères de la recherche médicale, mais aussi au manque de travaux dans ces domaines.