Eczéma : nouveaux traitements contre les formes sévères

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De nouveaux traitements contre les formes sévères de l’eczéma, donnent de l’espoir aux malades. Interview du Dr Pierre-André Bécherel, membre de l’association ResoEczéma.

2,5 millions de Français souffrent d’eczéma. Un fardeau quotidien pour ces malades et les familles qui sont souvent désemparées. Car cette maladie a un impact physique que psychologique. Heureusement, de nouveaux traitements arrivent.

Interview du Dr Pierre-André Bécherel, membre de l’association ResoEczéma [fn]ResoEczema» est un réseau national d’une centaine de dermatologues spécialisés dans la prise en charge de l’eczéma qui collabore étroitement avec l’Association française de l’eczéma. Ce réseau de soins ville-hôpital a pour objectif d’améliorer le parcours de soin des patients, leur prise en charge en favorisant le partage d’expériences entre confrères, la formation et le réseau avec les confrères isolés dans les déserts médicaux.[/fn].

L’eczéma est une maladie qui exclut. Pourquoi ?

Comme beaucoup d’autres maladies de peau, l’eczéma a cette particularité de « s’afficher » et d’exclure trop souvent le sujet de son environnement social et/ou familial. Aujourd’hui, sur les 2,5 millions de Français vivant avec l’eczéma au quotidien, 100 000 sont atteints d’une forme sévère et se trouvent en situation d’impasse thérapeutique. Mais 2018 est une année charnière et de grands espoirs reposent sur le lancement de nouveaux médicaments, essentiellement des biothérapies. Ces nouvelles thérapeutiques devraient soulager les malades, mais sans pour autant les guérir définitivement de l’eczéma, qui reste une maladie chronique. Dans un premier temps, ces traitements, coûteux et probablement non dénués d’effets indésirables comme tous les médicaments, ne seront envisagés que pour les patients en situation d’impasse thérapeutique.

Quels sont ses nouveaux traitements ?

Dans les eczémas sévères, les traitements jusqu’à présent étaient représentés par des immunosuppresseurs, dont la ciclosporine est le principal représentant. Une autre molécule, le méthotrexate, est aussi souvent utilisée.
Ces médicaments sont puissants et permettent très souvent une rémission de la maladie mais posent deux problèmes essentiels : des effets secondaires importants à long terme (surtout pour la ciclosporine avec des insuffisances rénales), et la récidive presque constante de l’eczéma à l’arrêt de ces traitements.
On se trouve donc devant une malade chronique dont les traitements les plus efficaces exposent à de sérieux effets secondaires à long terme.

D’où la nécessité de trouver d’autres solutions ?

En effet. Dans cet esprit, la recherche s’est focalisée sur les cytokines inflammatoires impliquées dans l’eczéma pour synthétiser des thérapies ciblées comme dans le psoriasis. A cet égard, ce qui débute en ce moment pour la dermatite atopique ressemble beaucoup à l’histoire récente des traitements ciblés des psoriasis modérés à sévères.
La prmière molécule disponible est le dupilumab de Sanofi, ciblé contre l’IL-4 et l’IL-13 2, cytokines majeure de la réaction atopique.
Les essais ont montré des taux de réponse très importants ayant conduit à l’autorisation de mise sur le marché (Amm) européenne. Comme pour toute biothérapie, les effets secondaires sont presque absents, ce qui autorise des traitements chroniques sur plusieurs années sans trop d’arrière-pensées de toxicité.

4e Journée nationale de l’eczéma, samedi 9 juin à Paris, Bordeaux et Lyon, organisée par l’Association française de l’eczéma.