Disparition de Simone Veil, une femme engagée

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Ancienne ministre, académicienne, Simone Veil est surtout celle qui a porté la loi sur la légalisation de l’avortement en 1974 devant une assemblée formée presque uniquement d’hommes. Elle s’est éteinte vendredi 30 juin, à Paris.

L’ancienne ministre et académicienne française Simone Weil, rescapée de la Shoah et célèbre figure des droits des femmes, est décédée à l’âge de quatre-vingt-neuf ans, vendredi 30 juin 2017.

Défendre le droit et la santé des femmes

C’est le 26 novembre 1974, à quarante-six ans, alors qu’elle est ministre de la Santé sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, qu’elle défend son projet de loi autorisant l’Interruption volontaire de grossesse (Ivg). La tâche est rude car le sujet agite la société de l’époque. Au sein même de l’Assemblée, l’ambiance est très hostile, certains propos sont haineux, déplacés, et elle est obligée de s’entourer de précautions oratoires :

« Je voudrais tout d’abord vous faire partager une conviction de femme, je m’excuse de le faire devant cette Assemblée presque exclusivement composée d’hommes: aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. »

Stoïque, elle défend son texte avec des arguments percutants et concrets : « Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et qui humilient ou traumatisent celles qui y ont recours.» Le texte sera finalement adopté le 29 novembre 1974, au cœur de la nuit, après 25 heures de débats houleux. La « loi Veil », sera promulguée le 17 janvier 1975.

En 1976, Simone Veil fait aussi adopter la première loi française de lutte contre le tabagisme, introduisant des restrictions à la publicité en faveur du tabac, les premières interdictions de fumer dans certains lieux à usage collectif et l’apposition d’avertissements sanitaires sur les paquets des produits du tabac.

Européenne convaincue

Son itinéraire politique la mènera en 1979 à la première présidence du Parlement européen. Elle restera députée européenne jusqu’en 1993, date à laquelle Edouard Balladur la rappelle au gouvernement en la nommant ministre d’Etat en charge des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville.

Elle sera également membre du Conseil constitutionnel de 1998 à 2007 et élue à l’Académie française en 2008. De 2000 à 2007, elle préside la Fondation pour la mémoire de la Shoah, dont elle est par la suite présidente d’honneur. Elle fera de nombreux voyages dans les camps pour honorer la mémoire des déportés et délivrer un message de paix auprès des jeunes générations.

A lire : « Une vie » de SImone Veil (2007), éd. Stock, 15 euros.