Attentats : le traumatisme est toujours présent

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Après les attentas, de nombreux programmes ont été lancés pour analyser les répercussions psychologiques mais aussi sociales des victimes. Le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (Beh) de l’agence Santé publique France dresse un premier constat.

Attaques contre Charlie Hebdo, au Stade de France, au Bataclan, aux terrasses des cafés parisiens, au supermarché Casher Porte de Vincennes et à Montrouge en 2015, ont suscité un grand programme de recherche dont les premiers résultats sont recensés dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’agence Santé publique France.

Victimes et entourage encore très traumatisés

Les chiffres du Beh montrent très clairement l’impact encore traumatisant des attaques sur les victimes. Parmi les témoins et les personnes directement exposées aux attentats du 13 novembre, 39% présentaient 8 mois après les faits un « état de stress post-traumatique » (Espt). Sur ces 39%, presque une sur deux (46%) déclarait ne pas avoir engagé de traitement régulier avec un psychologue ou un médecin.

Pour les attentats de janvier, 18% de la population exposée aux attentats souffrait d’Espt et 20% de troubles dépressifs ou anxieux, selon les enquêtes menées 6 et 18 mois après les faits auprès de 190 civils (otages, blessés, témoins, proches des victimes). 53% d’entre eux ont reçu une aide psychologique dans les 48 heures, mais l’étude note « un défaut de prise en charge » et préconise,  « dans la mesure où les troubles de santé mentale touchaient 40% des personnes impactées », d’étendre à tous l’aide psychologique.

L’entourage des victimes est encore très fragile psychologiquement. Sept mois après le 13 novembre, la quasi totalité des personnes interrogées par le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) se souvenaient précisément des circonstances dans lesquelles elles ont appris la nouvelle : c’est ce qu’on appelle le « flash bulb memory », (mémoire flash).

Un quart des 2 010 Français interrogées par le Crédoc disent avoir un lien personnel avec une victime ou un témoin ou avec un des lieux attaqués. 77% citaient spontanément un des lieux, « Le petit Cambodge »,  « le Stade de Saint-Denis » et surtout « Le Bataclan ». Les moins de 40 ans, qui peuvent se sentir plus proches des cibles des attaques, semblent avoir été particulièrement touchés.