Un nouveau vaccin plus efficace contre le zona, maladie infectieuse très douloureuse, est recommandé par la Haute Autorité de santé (HAS). Il concerne les plus de 65 ans et les adultes immunodéprimés, et possède une efficacité de 80 %. Bonne nouvelle, il est désormais remboursé par l’Assurance maladie.
Explications avec le docteur Liem Binh Luong, spécialiste des questions vaccinales au centre d’investigation clinique de vaccinologie de l’hôpital Cochin à Paris.
Qu’est-ce que le zona ?
Docteur Liem Binh Luong : Le zona est dû à la réactivation du virus varicelle-zona (VZV). C’est une dermatose dont le risque augmente avec l’âge et en cas d’immunodépression.
L’éruption cutanée se résout généralement en 2 à 3 semaines, mais elle est très douloureuse et peut se compliquer de surinfection locale, de troubles neurologiques potentiellement graves et invalidants : méningite, encéphalite, mais surtout de douleurs résiduelles invalidantes (douleur post-zostérienne).
Environ 235 000 cas se déclarent chaque année en France. Ce virus a la particularité d’être exclusivement humain, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de réservoir animal.
Le virus VZV a comme caractéristique de provoquer, à deux âges de la vie, deux maladies distinctes : la varicelle (dans l’enfance) et le zona (à partir de 50 ans). Mais ce dernier ne survient que chez des personnes ayant développé une varicelle dans l’enfance.
Pourquoi un tel décalage ?
Dr. L. B. L. : Car le VZV est capable de rester pendant des années endormi et latent, bien caché dans des ganglions situés près de la moelle épinière. Et il n’y a aucun moyen de prédire le moment où il se réveillera en provoquant le zona. Cela peut se produire à la faveur d’une maladie, mais aussi sans raison apparente, en particulier chez les plus âgés et les immunodéprimés. Plus l’âge augmente, plus la maladie est fréquente et sévère.
Où en est-on de la vaccination contre le zona ?
Dr. L. B. L. : La vaccination est la meilleure façon de prévenir le zona. Il existe un vaccin depuis 2013 (Zostavax) indiqué en prévention de la maladie et des névralgies post-zostériennes. Mais, il était contre indiqué pour les immunodéprimés (comme tout vaccin vivant atténué). De plus, il n’est pas très efficace et il s’avère, avec le recul, qu’il perdait rapidement de son efficacité avec le temps. Peu de personnes y ont eu recours, la couverture vaccinale est très faible (moins de 2 %). Mais la mise sur le marché du nouveau vaccin Shingrix, change la donne.
Pourquoi ?
Dr. L. B. L. : Recommandé par la Haute Autorité de santé (HAS), le Shingrix est un vaccin inerte (à base d’antigène glycoprotéine E du VZV) et peut donc être administré en cas d’immunodépression. Et, il est plus efficace que son prédécesseur.
Il est recommandé pour les plus 65 ans, car plus l’âge augmente plus le zona est fréquent et sévère. Le système immunitaire devenant moins efficace pour garder le virus sous contrôle.
Et à partir de 18 ans pour les personnes immunodéprimées en raison d’une maladie (VIH par exemple) ou d’un traitement (corticothérapie sur le long terme…). Les personnes ayant déjà bénéficié d’une dose de l’ancien vaccin peuvent aussi y avoir recours. La vaccination nécessite deux doses espacées de deux mois. Au total, on estime qu’environ 15 millions de personnes pourraient y avoir accès. Si vous avez déjà eu un zona, vous pouvez en avoir un deuxième. Vous pouvez vous faire vacciner un an après votre infection.
Quelle prise en charge ?
Dr. L. B. L. : Le vaccin est actuellement disponible en pharmacie. Il est aujourd’hui remboursé par l’Assurance maladie et gratuitement sur prescription médicale dans les pharmacies hospitalières.