Chez les Thomas, le réveillon est une affaire sérieuse. Il faut d’abord choisir le lieu où se dérouleront les agapes – chez papy Marcel, à Marseille, chez tonton Guy, à Nogent-sur-Marne, chez Anne-Marie, à Paris, ou chez tatie Dominique, à Limoges –, puis le menu…
Pas facile, avec 20 personnes à table. Il y a les allergiques aux huîtres – ne pas oublier les gambas – et au vin blanc, même avec le foie gras – prévoir l’option rouge boisé… Il y a les pro-bourgogne et les pro-bordeaux, les inconditionnels de la bûche et les accros aux treize desserts. Sans oublier la nouvelle petite amie végétarienne de tonton François…
On l’aura compris : organiser un réveillon, c’est du boulot et des négociations à risques. Et pourtant, pour rien au monde les Français ne rateraient la fête, à moins d’être coincés dans un ascenseur comme Josiane Balasko dans Le Père Noël est une ordure. Un film devenu culte parce qu’il touche à ce qu’il y a de plus cher au cœur des Français : le repas familial et la peur de partager un jour la solitude de ceux qui en sont exclus. Outre Noël, les réunions de famille se passent autour de la table, un véritable acte social.
Le repas doit être convivial
Les Français ne mangent pas seulement par nécessité, mais parce qu’ils estiment que le repas doit être convivial (65 %) avant d’être équilibré (51 %), savoureux (37 %) ou naturel (12 %). Seuls 9 % jugent que celui-ci doit être avant tout économique, et 8 % rapide ou simple.
« L’un des aspects primordiaux du modèle alimentaire français est la convivialité. C’est ce qui en fait un rite, une institution qui n’est pas près de disparaître, estime le Credoc. Les nouvelles générations n’invitent pas moins que les anciennes, au contraire, elles sont plus nombreuses à considérer important de se réunir lors d’un dîner. »
La France est d’ailleurs le seul pays où les repas pris en famille font de la résistance. Le dîner, surtout, reste sacré, alors qu’il est en voie de disparition dans les autres pays européens. Et même le déjeuner se porte bien.
Si, à Paris – en raison de l’éloignement des lieux de travail –, la tradition du repas en famille se perd, ce n’est pas le cas en province. 68 % des Français disent le prendre à la maison, quand 80 % des Anglo-Saxons mangent dehors, sur le pouce.
Depuis quelques années, les Français auraient aussi retrouvé l’envie de cuisiner. La cuisine deviendrait un loisir pour la génération des 40-50 ans, la première pourtant à avoir investi dans les produits tout faits : cuisiner est ainsi l’occasion de donner, de faire plaisir, de partager. Qui s’en plaindrait ?