Mois sans tabac : pour les personnes en situation de handicap intellectuel, le message passe mal

Mois sans Tabac
Bien que 42,6 % des fumeurs porteurs de handicap intellectuel expriment le souhait d’arrêter de fumer, seuls 20,7 % des vapoteurs souhaitent arrêter de vapoter. ©123RF

Depuis début novembre, la campagne nationale du Mois sans tabac offre aux fumeurs l’opportunité de faire un point sur leur consommation. Mais qu’en est-il des personnes en situation de handicap intellectuel ?

Le bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) vient de publier une étude menée dans les Hauts-de-France sur la situation des fumeurs porteurs de handicap intellectuel (HI) et leur intention d’arrêter dans le cadre de l’opération Mois sans tabac.

Comme le soulignent en préambule les auteurs : « On ne sait que peu de choses sur les pratiques addictives des personnes en situation de handicap intellectuel, et ce alors même qu’elles sont aussi des usagères de tabac, d’alcool, de cannabis ou peuvent avoir d’autres addictions, comportementales ou sans produit ». Selon les résultats de l’étude, les messages de prévention antitabac passent mal chez ces derniers.

Etat de la consommation des fumeurs porteurs de HI

Le BEH révèle que 23,5 % des personnes interrogées déclarent fumer, dont 19,6 % quotidiennement, et que 8,6 % vapotent (dont 4,9 % quotidiennement). Ces chiffres sont proches de ceux de la population générale mais légèrement inférieurs (écart de sept points) par rapport à ceux de des personnes non ou peu diplômées ; et la prévalence du vapotage est également similaire à celle de la population générale. Au global, 18,2 % fument et vapotent simultanément.

Parmi les fumeurs quotidiens, la consommation moyenne est de 12,4 cigarettes par jour (identique à la population générale) et parmi les vapoteurs, 55,7 % déclarent que leur e-liquide contient de la nicotine.

Les hommes sont plus nombreux que les femmes à utiliser des produits du tabac (22,9 % contre 14,5 % pour le tabac et 10,5 % contre 5,6 % pour le vapotage) et fument également davantage (13,6 cigarettes par jour en moyenne contre 9,5). Les 41-55 ans présentent la plus forte consommation de tabac, tandis que les tranches d’âge des 15-25 ans et des 26-40 ans vapotent le plus.

Peu concernés par le Mois sans tabac

Bien que 42,6 % des fumeurs expriment le souhait d’arrêter de fumer, seuls 20,7 % des vapoteurs souhaitent arrêter de vapoter. Connaissent-ils l’opération Mois sans tabac ? 45 % des répondants déclarent en avoir entendu parler via la télévision. Toutefois, parmi les 112 personnes interrogées sur leur intention d’arrêter de fumer, une seule s’était engagée sur Internet, et seulement quatre avaient tenté un sevrage.

Si la connaissance de cette campagne semble relativement élevée, les auteurs constatent que ces personnes « ne semblent pas touchées par les campagnes de prévention destinées à la population générale ».

« Des campagnes de prévention plus inclusives »

Selon les auteurs de l’étude, ces résultats plaident pour « une plus grande inclusivité des populations concernées à ces programmes de prévention », une implication dans l’imagerie des campagnes  et « une intelligibilité accrue de ces dernières ». Il serait pertinent de mener « une réflexion accrue sur l’intelligibilité et la compréhension des outils de prévention et de réduction des risques du tabagisme par les personnes concernées ».

En résumé, il semble crucial de développer des campagnes de prévention spécifiquement ciblées pour ce public.

A savoir : Le sondage du BEH a été réalisé entre septembre 2022 et avril 2023 auprès de 1 030 personnes en situation de handicap intellectuel  vivant dans la région des Hauts-de-France, via une traduction facile à lire et à comprendre (Falc) des items traitant du tabac et du vapotage du questionnaire du Baromètre de Santé publique France.