Vaccination : informer et restaurer la confiance

Manque d’efficacité, mise en cause des adjuvants, complexité du calendrier vaccinal… les Français sont très réticents face à la vaccination. Une grande concertation citoyenne a été menée sur ce sujet. Objectif : restaurer la confiance.

Selon les dernières enquêtes, 41 % des Français émettent des craintes sur la sécurité des vaccins et 17 % doutent de leur efficacité. La calendrier vaccinal et ses nombreux changements brouillent l’information auprès des citoyens, qui en perdent leur latin : quels sont les vaccins obligatoires, recommandés ? Pourquoi certains vaccins sont-ils en rupture de stock ? Quels sont les effets secondaires ?…

Pour mieux informer et restaurer la confiance, une grande concertation citoyenne a été lancée en mai dernier. Les résultats sont attendus pour décembre 2016. La vaccination était aussi au cœur des Entretiens de Bichat (une manifestation rassemblant les professionnels de la santé), les 6, 7 et 8 octobre dernier.

Vaccins :  véritable crise de confiance

« On assiste à une véritable mise en avant des sceptiques de la vaccination en France, déplore le Pr Alain Fischer, coordinateur de la concertation, médecin, professeur d’immunologie pédiatrique et présent aux Entretiens de Bichat. Même certains professionnels de santé doutent des bienfaits de la vaccination. » La France est en effet le pays au monde où l’on se méfie le plus des vaccins. Cette méfiance prend racine au moment des campagnes sur le vaccin contre l’hépatite B, et de celui contre la grippe H1N1. Les adjuvants (des substances destinées à stimuler la réponse immunitaire), présents dans certains vaccins, ont eux aussi été mis en cause, à commencer par l’aluminium.

Aujourd’hui, les principales récriminations viennent du fait que les vaccins obligatories diphtérie, tétanos, poliomyélite (Dtp) quasiment introuvables en pharmacie, sont combinés à d’autres comme l’hépatite B par exemple, qui eux ne sont pas obligatoires. D’où l’impression chez certains, d’une « pénurie organisée » ou bien qu’on leur « force la main ».

Certains vaccins comme celui contre le papillomavirus humain (Hpv) sont très contestés en France où la couverture vaccinale des jeunes filles est tombée à 14 % en 2015, contre plus de 80 % dans plusieurs pays européens. Le taux de vaccination contre la grippe des plus de 65 ans a chuté de 13 points, passant de 64 % en 2008 à 51 % en 2015, selon des chiffres de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam).

Informer dans la transparence

Durant cette concertation citoyenne, les participants ont pu réagir et poser toutes les questions sur le site prévu à cette occasion. L’objectif était tout d’abord d’identifier les questions que se posent le grand public, les usagers, les parents, les professionnels de santé et chaque citoyen. « Ensuite, les échanges devront permettre de construire des propositions concrètes, applicables par les pouvoirs publics, respectant l’intérêt de chacun et favorables à la santé de tous » explique le comité de coordination qui a également lancé la réalisation de deux enquêtes d’opinion pour donner une image actuelle et objective des perceptions, attentes et réticences de la population et des professionnels à l’égard de la vaccination.

Une réunion publique de clôture, aura lieu à la fin de l’année 2016. Elle présentera les avis des jurys, la synthèse des contributions en ligne et les pistes de réflexion du comité d’orientation.