L’opinion de Jean-Paul Benoit sur l’actualité de la rentrée

A la veille du congrès des Mutuelles de France, Jean-Paul Benoit, président de la Fmf, fait le tour de l’actualité de cette rentrée. La crise sanitaire a mis en lumière les difficultés structurelles de l’hôpital. Quelles sont vos propositions pour lui redonner des moyens? Jean-Paul Benoit : La crise de l’hôpital est multifactorielle : manque de moyens, de personnel, absence d’organisation cohérente. Concernant les moyens, on voit où nous a conduits au fil des années la gestion de fesse-mathieu rognant le budget de l’hôpital, fermant des lits et supprimant des postes. L’hôpital public a perdu son attractivité et de nombreux postes restent vacants. Les premières mesures de revalorisation annoncées dans le cadre du Ségur de la santé vont dans le bon sens. Cependant, pour que la fonction publique hospitalière soit attractive, la revalorisation salariale est indispensable, mais pas suffisante. C’est un plan cohérent et complet d’investissement qui est nécessaire. L’hôpital est devenu le filet de sécurité, l’ultime recours, qui pallie tous les manquements de la chaîne de soins. La mise en place de stratégies locales, articulant l’ensemble des réponses aux besoins de santé sur chaque territoire et définissant le rôle de chaque acteur, est indispensable à une prise en charge de qualité de la population et à l’efficience de tous, y compris de l’hôpital. La Mutualité propose de « mettre fin à l’exercice isolé des professionnels de santé de premiers recours ». Une idée qui fait couler beaucoup d’encre… J.-P. B. : Beaucoup d’encre ? J’ai surtout entendu quelques syndicats de libéraux pousser des cris d’orfraie sur le thème éculé de l’étranglement de la médecine libérale. La fin de l’exercice isolé résulte de l’évolution des besoins de la population, de l’évolution de la médecine et des choix des médecins eux-mêmes. Moins de 3 % des jeunes praticiens envisagent d’exercer seuls. Ils ont été formés à une médecine moderne, aux équipes pluridisciplinaires, appuyée sur des plateaux techniques de qualité. Centres et maisons de santé on fait la preuve de leur efficacité, y compris dans les déserts médicaux. Le gouvernement prône la création d’une 5e branche de la Sécurité sociale qui prendrait en charge la dépendance. Quelle est votre opinion ? J.-P. B. : Le coût que doivent supporter les familles et les inégalités qu’il génère sont un problème majeur. Avec le vieillissement de la population, il ne peut que croître. La solidarité nationale est la seule réponse. Nous sommes très favorables à ce que cette réponse soit organisée dans le cadre de la Sécurité sociale. C’est le meilleur moyen d’en assurer l’universalité et un financement juste. Cette 5e branche est sans aucun doute la meilleure solution. La Fédération des Mutuelles de France tiendra son congrès en octobre prochain, à Brest. Quel en sera le thème, après cette crise sanitaire ? J.-P. B. : Notre congrès était prévu en juin sur le thème de la lutte contre les discriminations de toute nature. La pandémie nous a contraints à le reporter, et elle nous oblige à tirer les enseignements de cette période singulière.

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