Troubles bipolaires : dix ans d'errance avant le diagnostic

Le colloque organisé par l’association Argos 2001 sur les troubles bipolaires, à l’occasion de la Journée mondiale, le 30 mars, a mis en avant toutes les difficultés que doivent affronter les malades.

Hier appelés « psychose maniaco-dépressive », les troubles bipolaires se caractérisent par une alternance de phases dépressives et de phases d’exaltation dites « maniaques ». Le malade ressent alors une énergie excessive qu’il ne peut contrôler et qui peut aller jusqu’à l’épuisement. En France, ces troubles touchent 2 % de la population, soit près de 1 300 000 personnes. 25 % d’entre eux font des tentatives de suicide (fatales dans 15 % des cas), selon la Fondation scientifique FondaMental, partenaire de ce colloque.

Dix ans d’errance avant de poser un diagnostic

Les malades qui témoignent à ce colloque organisé par l’association Argos 2001 racontent leur souffrance, leur parcours chaotique, leur impression d’être incompris. La fondatrice d’Argos, elle-même bipolaire, a consulté une quinzaines de psychiatres et traversé des dizaines d’années de souffrance avant de savoir de quoi elle souffrait. Pourquoi ? Sans doute à cause de la complexité de la maladie, répondent les experts. Facteurs génétiques et environnementaux interagissent, mais les traumatismes affectifs, la prise de substances toxiques et les changements de rythme de vie peuvent aussi faire le lit de la maladie et déclencher les crises.

D’autre part, ces troubles sont souvent pris pour de la dépression car, en phase maniaque, le patient consulte moins. De leur côté, les soignants sont mal formés pour poser un diagnostic sur cette maladie qui apparaît souvent à l’adolescence ou au début de la vie d’adulte. Il faut en moyenne, d’après Argos 2001, huit à dix ans avant que l’on ne pose un nom sur la maladie. Ce qui entraîne des conséquences désastreuses sur la qualité de vie des malades.

Une maladie qui se soigne

Les troubles bipolaires ne se guérissent pas, mais un traitement existe qui améliore la vie des malades.

Le traitement repose sur des thymorégulateurs (médicaments régulant l’humeur) à vie, avec trois familles principales : les sels de lithium, les anticonvulsivants et les antipsychotiques atypiques, une prise en charge psychologique et une bonne hygiène de vie.

 

Pour la petite histoire, la Journée mondiale se déroule le 30 mars, date de naissance de Vincent Van Gogh, dont on pense qu’il était bipolaire. On peut rajouter à ce tableau : Virginia Woolf, Robert Schumann et Ernest Hemingway.

A lire : Les Troubles bipolaires, Marc Masson, éd. Puf, 9 euros.