Les autotests sont-ils fiables ?

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Les autotests vendus en pharmacie sont-ils faibles ? Pas vraiment, répond l’Académie de pharmacie qui en valide seulement trois sur treize et en déconseille cinq.

Les autotests,à faire tranquillement installé dans son salon, sont une bonne idée. Mais sont-ils fiables ? Déjà, le magazine 60 Millions de consommateurs s’était penché sur la question dans son numéro de juillet-août 2017. Cette fois, c’est l’Académie de pharmacie qui émet des doutes dans un rapport, demandé par la Direction générale de la santé.

Améliorer les autotests 

Le rapport de l’Académie de pharmacie est très clair : il faut augmenter le niveau d’exigence de qualité et l’information des patients concernant les autotests et les tests rapides d’orientation diagnostiques (Trod). Mais pas seulement, insiste l’Académie. Car ils ne seraient ni efficaces, ni sûrs. La preuve, sur treize analysés, l’Académie en recommande seulement trois :

– contre le Vih : mais, le rapport note que « le conseil du pharmacien est très important puisque cet autotest ne peut être utilisé que trois mois au moins après un rapport à risque, et le résultat doit être confirmé par un autre test »,

– contre les infections urinaires, car il permet de gagner du temps sur le diagnostic,

– et dans la recherche d’anticorps antitétaniques (tétanos) car il dit avec fiabilité si une personne est vaccinée ou non.

L’Académie en déconseille formellement cinq. Ceux pour détecter :

– la maladie de Lyme qui comporte un « risque majeur d’interprétation inadéquate »,

– les allergies, car trop simpliste,

l’infection à Helicobacter pylori (une bactérie de l’estomac). « En présence d’un patient alléguant des troubles digestifs évocateurs d’un ulcère et demandant conseil à son pharmacien d’officine pour un achat d’un autotest de détection des Ig G anti H. pylori, celui-ci ne devrait pas l’y encourager mais l’inciter de préférence à consulter un médecin qui décidera du bien-fondé à adresser le patient à un spécialiste en gastro-entérologie pour la réalisation d’une gastroscopie avec biopsies pour analyses complémentaires d’anatomo-pathologie et de bactériologie »,

– les cancers de la prostate (par l’antigène Psa), car une consultation médicale devrait être systématique avant de procéder à tout dosage ponctuel de Psa en vue du dépistage d’un cancer de la prostate, juge l’Académie,

– le cancer colorectal. L’Académie considère que le dépistage organisé pour les Français âgés de 50 à 74 ans doit prévaloir sur toute autre alternative. « Nous considérons que le pharmacien d’officine ne devrait pas encourager un usager à acquérir ce type d’autotest, mais qu’au contraire, il devrait l’encourager à participer au dépistage organisé. Dans ce cadre, nous recommandons que le kit de dépistage utilisé lors de la campagne nationale puisse être remis par le pharmacien d’officine, et pas uniquement par le médecin ».

L’Académie admet que les  autotests ont un moyen d’avoir un dépistage rapide, elle rappelle qu’il « ne constitue pas un examen de biologie médicale et ne se substitue pas au diagnostic réalisé au moyen d’un examen de biologie médicale ».