«Le bruit pour les pauvres, le silence pour les riches»

Viva Magazine
© Viva Magazine

L’environnement sonore urbain peut-il devenir un nouvel élément de ségrégation sociale ? C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé dans le cadre de la semaine du son qui continue jusqu’au 2 février avec des conférences et des ateliers organisés dans toute la France.

87 % des Français considèrent que le silence est devenu un privilège dont peu de personnes peuvent bénéficier. Les personnes moins favorisées sont perçues comme les premières victimes de cette dégradation de l’environnement sonore. 81 % des Français jugent qu’elles disposent globalement d’un environnement sonore de moins bonne qualité et 84 % que les quartiers défavorisés subissent davantage de nuisances sonores dans tous les aspects du quotidien.

L’environnement sonore apparaît comme un élément clef de la santé pour les Français : 92 % considèrent que la santé physique mais aussi la santé psychologique dépendent de sa qualité. 72 % considèrent qu’un environnement bruyant les fait tomber plus souvent malades et 69 % estiment même que cela les fait vivre moins longtemps. Toutefois, la première des conséquences d’un environnement bruyant est la diminution des capacités de réflexion et de concentration (91%). Enfin 90 % déclarent que le bruit les rend plus agressifs et 86 % que cela leur fait accepter plus difficilement la vie en collectivité.

« avec les open space, la situation est devenue épouvantable dans les bureaux, témoigne Christian Hugonnet, Président fondateur de la semaine du son. Si bien que les salariés sont obligés d’aller se réfugier dans des bulles pour se parler».

Selon lui : «Il faut mettre le paquet sur le plan acoustique dans les entreprises. Car parmi les différents lieux de vie des Français, le bureau est perçu comme le plus bruyant». Les salariés lui attribue en moyenne un niveau sonore de 5,9 sur une échelle allant jusqu’à 10. 43 % y perçoivent même un niveau de bruit d’au moins 7 sur 10.

Si le domicile apparaît comme le lieu le plus calme dans l’environnement des Français, avec un niveau sonore moyen de 5,1 sur 10, il est cependant bruyant pour 1 Français sur 4. Enfin, dans les grandes agglomérations, le transport arrive en bonne place pour les nuisances sonores.

«Sur la question de l’environnement sonore, la France est malheureusement très en retard, analyse Christian Hugonnet. Nous sommes un pays où le visuel est roi. On peut déplorer que les étudiants en architecture aient dans le cadre de leur études cinq heures consacrées à l’acoustique et encore, sous un angle purement réglementaire». Dans le projet du Grand Paris, par exemple, aucune mention n’est faîte à l’acoustique. Pourtant, en amont, des solutions pas plus onéreuses existent pour limiter le bruit : concevoir des façades inclinées, utiliser des matériaux rugueux et absorbant les réverbérations et penser aux murs végétalisés, aux sols non réfléchissants.

La semaine du son abordera aussi cette année les questions de santé liées au bruit comme l’impact des basses fréquences sur l’audition. Selon l’OMS, 1, 3 milliard des jeunes de moins de 35 ans risquent de devenir malentendants à cause de sonorisation trop fortes de concerts ou des discothèques.

Enfin, il sera aussi débattu de l’importance de la pratique musicale en France : « l’oreille et l’écoute s’éduquent, estime Christian Hugonnet, dans ce domaine également nous sommes très en retard».