« Concilier travail et famille pour les femmes » Entretien avec Willy Pasini, psychiatre

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Willy Pasini est psychiatre et sexologue. Dans son dernier ouvrage,  J’ai un enfant quand je veux, il met en avant les progrès scientifiques à la disposition des femmes pour contrôler leur fertilité. Mais, concrètement, qu’est-ce qui va changer dans leur vie ? Interview.

Les progrès de la science donnent aujourd’hui aux femmes la possibilité de concevoir un enfant à un moment décidé par elles. Rencontre avec le psychiatre et sexologue Willy Pasini.

Les progrès de la science peuvent-ils favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes ?

Les progrès scientifiques qui concernent le contrôle de la fertilité des femmes peuvent aller dans ce sens. La recherche scientifique a profondément évolué ces dernières années. La fertilité n’est plus subie mais choisie, planifiée et même aidée quand il le faut et tant mieux. Les femmes pourront de plus en plus concilier le temps social – faire des études, voyager, vivre leur jeunesse, mener une carrière… – et le temps biologique qui leur est imposé. Cela va bouleverser la société et les rapports hommes/femmes. Pour l’instant, ce n’est encore pas le cas. La technique est là, mais la société n’est pas encore prête. Aujourd’hui, les femmes sont obligées de jongler avec leur vie personnelle et leur vie professionnelle, et elles s’épuisent.

Concrètement, qu’est-ce que cela peut changer dans la vie des femmes ?

La procréation médicalement assistée (Pma), la congélation des ovocytes permettent aux femmes de contrôler et planifier le moment où elles deviendront mère et d’organiser leur vie et celle de leur famille. Elles seront plus indépendantes. En ce qui me concerne, je suis très favorable à la congélation des ovocytes. La femme pourra décider de faire un enfant après 40/45 ans avec des ovules qu’elle aura mis de côté dix ans avant, ce qui réduit considérablement les dangers d’un point de vue génétique. La Société européenne de fertilité donne l’âge de 50 ans comme limite éthique pour faire un enfant. Pourquoi pas, si les femmes choisissent un partenaire plus jeune qu’elle.

Ndlr : en France, depuis la révision des lois de bioéthique de 2011, la congélation d’ovocytes n’est autorisée que dans trois situations : en cas de traitement de Pma, de traitement médical et de pathologies susceptibles d’altérer la fertilité, (notamment une chimiothérapie ou une endométriose sévère), en cas de don d’ovocytes. Depuis 2015, les donneuses d’ovocytes ont le droit de conserver une partie de leurs ovocytes pour les utiliser pour elles au plus tard jusqu’à leurs 43 ans. Cette année, la révision des lois de bioéthique permettra peut-être de changer la donne. Pour l’heure, l’Académie de médecine y est favorable tandis que le Conseil national d’éthique est contre.

Dans plusieurs pays européens comme la Belgique, l’Espagne, la Suisse et l’Italie, la congélation des ovocytes est autorisée pour toutes les femmes avec des limites d’âge variable selon les pays.

Et les hommes dans tout ça ?

Ils devront s’adapter ! Les jeunes le font déjà et trouvent leur place, plus tournée vers la paternité, moins sur une virilité absolue. Ceux que j’appelle « les nouveaux pères » sont moins autoritaires, ils s’occupent de leurs enfants et communiquent mieux avec eux. Et c’est très bénéfique pour ces derniers. Je me rallie au psychologue américain Henry Biller, en donnant comme conseils aux pères :

– faites respecter les limites à vos enfants et demandez de la discipline, non pas comme une punition mais comme un élément essentiel d’une éducation positive et constructive et surtout n’essayez pas de passer à leurs yeux pour le père parfait, entre autres, parce que vous ne l’êtes surement pas ! Un peu d’autodérision ne fait pas de mal. Le nouveau modèle familial, selon moi, serait du côté du parent qui construit et élève un enfant avec l’autre parent.

D’autres thèmes sont abordés dans le livre : la stérilité, les grossesse adolescentes…

A lire :  J’ai un enfant quand je veux, de Willy Pasini, Éd. Odile Jacob, 21,90 €.