Santé : le regard des citoyens européens

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A l’occasion de son événement #PlacedelaSanté – Europe, réunissant les candidats têtes de listes aux élections européennes, la Mutualité française publie les résultats inédits d’une étude d’opinion réalisée avec Harris Interactive dans sept pays.

A quelques semaines des élections européennes de mai 2019, la Mutualité française a sollicité Harris Interactive pour réaliser une enquête sur les attentes des Européens en matière de santé : Quel regard les Européens portent-ils sur le système de santé de leurs pays respectifs ? Quels types d’interventions attendent-ils de la part de l’Union européenne sur les différents sujets reliés au domaine de la santé ?


« L’actualité politique dans plusieurs pays européens témoigne d’une crise profonde du vivre ensemble européen, analyse Thierry Beaudet, président de la Mutualité française. Pourtant, cette étude montre que les sujets de santé et les questions environnementales peuvent être des thèmes fédérateurs pour les citoyens européens. C’est aussi notre conviction, exprimée dans un Manifeste début février : l’Europe peut être porteuse d’espérance et de réponses concrètes face aux défis sociaux. Et c’est pourquoi nous invitons aujourd’hui les têtes de liste aux élections européennes à présenter leur vision de l’Europe sociale et leurs réponses à ces sujets de préoccupation majeurs. »

+ de 70 %. Les Français, les Allemands et les Suédois se sentent, dans leur grande majorité, bien protégés par leur système de santé national, respectivement, pour 85 %, 83 % et 73 % d’entre eux.

– de 40 %. Au contraire, les Polonais (35 %) et les Grecs (27 %) ne sont qu’une minorité à se sentir bien protégés.

68 %. Suédois et Français se montrent majoritairement attachés à l’indépendance de leur système de santé et souhaitent que chaque pays continue à disposer de son système national, comme c’est le cas actuellement. C’est le cas également des Allemands (56 %). + de 59 %. A l’inverse, les Polonais (65 %), les Portugais (61 %) et les Grecs (59 %) ont davantage confiance en l’Union européenne qu’en leur propre pays pour améliorer leur système de santé.

+ de 70 %. Les citoyens européens émettent majoritairement, et dans l’ensemble des pays, le souhait que l’Union européenne s’implique davantage en matière environnementale.

Le regard des Européens sur leur système de santé se révèle très contrasté selon les pays. Français, Suédois et Allemands en ont une perception nettement plus positive que la moyenne, alors que les Polonais, et surtout les Grecs, se montrent bien plus défiants et attendent davantage une intervention de l’Union européenne pour améliorer les choses dans ce domaine.

▪ Au global, la majorité des citoyens européens interrogés dans cette étude considèrent que le système de santé de leur pays bénéficie au plus grand nombre, c’est-à-dire à tout le monde ou à une forte majorité de personnes. C’est particulièrement le cas en France (80 %), en Suède (75 %) et en Allemagne (71 %), dans une moindre mesure en Italie (63 %) et au Portugal (59 %). A l’inverse, la plupart des Polonais et des Grecs considèrent plutôt que leur système de santé ne bénéficie qu’à une minorité de citoyens (69 % en Pologne, 67 % en Grèce).

▪ Les mêmes différences s’expriment quant au sentiment de protection par le système de santé national. D’une part, 85 % des Français se sentent bien protégés (23 % se sentent même « très bien protégés ») et, comme eux, 83 % des Allemands ou 73 % des Suédois. D’autre part, ce sont là encore les Polonais (35 %) et les Grecs (27 %) qui ne sont qu’une minorité à se sentir bien protégés. Logiquement, plus on a le sentiment d’être bien protégé par son système de santé, plus on a l’impression d’être « bien loti » par comparaison avec les autres pays. C’est ainsi que les Français se montrent particulièrement convaincus d’être mieux protégés par leur système de santé qu’ailleurs en Europe (77 %, soit le niveau le plus important parmi les sept pays), devant les Allemands (64 %).

 ▪ Les citoyens européens attendent prioritairement de la part de l’Union européenne des actions en matière d’harmonisation des droits sociaux, ainsi que des directives dans le domaine de la santé, comme des vaccins obligatoires pour tous les Européens, des achats groupés de médicaments au niveau de l’Europe. Notons ici que les Grecs et les Portugais se montrent les plus convaincus de la nécessité de mettre en place une procédure d’harmonisation des droits sociaux (57 % en Grèce, 65 % au Portugal). Les Européens expriment une forte préoccupation à l’égard des questions environnementales et souhaiteraient que l’Union européenne intervienne davantage en la matière.

▪ Les citoyens européens se montrent plutôt satisfaits de la manière dont leurs gouvernements prennent en charge la qualité de l’eau, la prévention et le traitement des épidémies, et la sécurité alimentaire. Ils se montrent moins positifs à propos d’un certain nombre d’autres sujets environnementaux et de santé publique tels que les perturbateurs endocriniens, les ondes, les pesticides ou la préservation de la biodiversité. Cette tendance générale se vérifie dans la plupart des pays de l’étude. De même, en matière de santé et d’environnement, les citoyens européens se fient généralement à l’action des citoyens et des organisations non gouvernementales, notamment au Portugal, en France et en Pologne. Cette confiance est un peu plus faible envers l’action de l’Union européenne, des pouvoirs publics de leur pays, et plus réduite encore envers les médias et les entreprises.

Les citoyens européens expriment également une vigilance accrue en matière de protection des données personnelles et de santé au travail. ▪ Une majorité de citoyens européens estiment nécessaire la collecte de données sur l’état de santé des personnes, afin d’améliorer la qualité des soins et le suivi des patients, et pense très largement que cette pratique devrait s’accroître au cours des prochaines années. Cependant, une partie d’entre eux s’inquiètent de l’utilisation qui pourrait être faite de ces données (entre 62 % et 72 % selon les pays).

 ▪ Dans le champ de la santé, c‘est le médecin qui reste de très loin la première personne de confiance en matière d’utilisation des données personnelles : plus de 9 Européens sur 10 se déclarent prêts à partager leurs données de santé personnelles avec leur médecin, et ce quel que soit le pays. Ils seraient en revanche beaucoup plus réticents à les partager avec les pouvoirs publics de leur pays, et davantage encore avec les pouvoirs publics européens ou des entreprises privées offrant des services de e-santé.

 ▪ Par ailleurs, les citoyens européens portent un regard mitigé sur la prise en compte des enjeux de santé et de bien-être au travail : seuls les Italiens ont tendance à estimer que les enjeux de santé au travail sont bien pris en compte, tant au niveau des employeurs et des pouvoirs publics de leur pays que de l’Union européenne.

▪ Notons enfin que, sur chacun de ces points (protection des données de santé, enjeux de santé et de bien-être au travail), les citoyens européens ont tendance à souhaiter un niveau d’implication accru de la part de l’Union européenne, mais avec des niveaux d’intensité variables selon les pays. Ainsi, si Portugais, Italiens et Polonais se montrent très clairement en faveur d’une intervention plus importante de l’UE dans ces différents domaines, Français, Allemands et Suédois s’y montrent également favorables, mais de manière plus nuancée.